Lillith › Survive the cold eternity

Comme il fait froid en ton jardin, Lillith...Les cimes des arbres caressent un ciel gris à la pureté quasi douloureuse, l'air exempt de toute pollution serre les poumons à chaque respiration, le silence trace un espace infini vers l'horizon...Beauté terrible et cruelle, à peine soutenable pour le regard et pourtant qu'il ferait bon s'asseoir un instant sur la pierre pour regarder couler le ruisseau, qu'importe le froid. Toute la mélancolie funèbre absente du projet Yendri est ici concentrée en des lignes synthétiques glacées et tristes, survolées par une étrange voix vaguement féminine mais comme désincarnée, hors d'une tonalité humaine. Moins expérimentale et chaotique, la technique vise ici à créer une forme de cohérence hivernale, un spleen entre l'émotion organique et la machine comme si on avait capturé l'hiver à l'intérieur d'un ordinateur. C'est beau, terrible, lent, funèbre, le genre de mélodies à la mélancolie si saisissante qu'elle évoque immanquablement le mercure au dessous de zéro, le coeur qui se serre. Essai unique sous le nom de Lillith, 'Survive the cold eternity' témoigne de la sensibilité tortueuse d'une Yendri toujours tiraillée entre émotions romantiques écorchées et fascination des machines mais qui s'autorise ici une approche plus humaine, féminine, délivrée des multiples avatars expérimentaux derrière lesquels elle se retranchait dans les compositions de son projet principal. Un album peut-être un peu long mais terriblement émouvant dans sa gangue de glace synthétique...4,5/6