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Corpus › Syn:drom

cd • 12 titres

  • 1Plug
  • 2Diamonds
  • 3Syndrom
  • 4Satellites
  • 5Train 147
  • 6B?O?Itch
  • 7Lift out
  • 8Oneself
  • 9Fear as reject
  • 10All wrong
  • 11Train 147 (engine mix)
  • 12(Fifth and last) season

extraits vidéo

informations

Tribal Studio, France.

line up

Sébastien (chant), Chrys (basse), Jérôme (guitare, programmation, sampling), Roma (batterie), David (clavier, programmation, sampling)

chronique

'Syn:drom', un album de crise, tant pour les musiciens que pour les fans, un disque de temps troublés, de remises en cause douloureuses, de questions existentielles en coulisse et de rejet en surface...Bref, un disque qui demandait pas mal de recul avant de pouvoir en discuter de manière apaisée, tant pour les musiciens que pour les fans (redondance de style nécessaire). La scène goth originelle telle que je l'ai vécue a connu un certain nombre de tremblements au tournant des 90's qui ont secoué ses fondations de manière à priori excitante et constructive mais également dangereuse à moyen terme. Il y a eu l'arrivée du 'Die Propheten' de Das Ich qui a démontré qu'on pouvait créer de la musique extrêmement sombre à partir de claviers. Du coup, pas mal de formations s'en sont inspirées et le chant en allemand y a gagné une certaine reconnaissance. Vint ensuite l'avènement du rock indus façon Nine Inch Nails qui eut des répercussions bien au delà des simples cercles gothiques (je pense à la scène metal notamment) : on pouvait jouer une musique agressive à base de guitares en utilisant des machines et de la programmation. Certains d'entre nous qui écoutions déjà Skinny Puppy, The Young Gods ou Front 242 en parallèle de Christian Death, Siouxsie, Cure, Bauhaus ou Sisters of Mercy n'y virent qu'un projet intéressant de plus mais pour ceux qui méprisaient l'électronique, une révolution philosophique s'ensuivit. Pas mal de groupes, las de tourner en rond dans les même structures, se mirent à expérimenter au sein d'une nouvelle esthétique, durcissant les guitares, usant d'effets, découvrant le sampling et la programmation comme de véritables instruments. Avec le recul, le soufflé est retombé mais ces sirènes eurent leur heure de gloire flinguant pas mal de groupes qui splittèrent ou revinrent à leurs premiers amours. Ainsi va l'histoire, il y avait la production made in 80's, les années 90 tenaient leur 'révolution'. Revenons à nos moutons, soit Corpus Delicti. Après une explosion fulgurante, une tournée américaine et une reconnaissance du milieu, carrément culte (et méritée) aujourd'hui, les Niçois tâtaient leurs propres limites créatives au sein d'une scène goth pas toujours réputée pour son ouverture d'esprit sur fond de crise interne (je vous renvoie à la lecture de 'La Déliquescence des Ombres' chez Camion Blanc pour les détails). Ces nouvelles sonorités avaient la senteur de la bonne bouffée d'oxygène dont les musiciens avaient besoin. Amputé de son 'Delicti', le combo se lance dans l'écriture de son ultime essai, un essai sans doute sincère mais bancal malgré tout. Avec le recul, le changement n'est pas si radical qu'il n'y paraissait, les membres sont les mêmes, ont gardé leur instrument et le chant de Sébastien, efficace et identifiable entre mille, ressort clairement, certes un peu trafiqué mais pas autant qu'on aurait pu le craindre. Ce qui a changé le plus indubitablement, c'est l'optique de composition et la production, à commencer par les percussions nettement moins tribales et plus binaires que par le passé. Les guitares se sont plombées et saturées, sans oublier l'ajout d'une belle quantité de samples et de programmation (avec l'arrivée du cinquième membre, David). Si certaines pièces restent attachées au style Corpus Delicti ('Satellites', 'B?O?itch'), d'autres en revanche témoignent de ce changement, plus ou moins radicalement ('Lift off' et sa touche tip hop groovy','Train 147' dans la plus pure tradition electro des 90's, l'instrumental final pour les tentations faussement dub ou encore 'Diamonds' et 'All wrong' pour l'aspect techno-indus). Les musiciens ne manquent pas d'idées mais évoluent dans un style qui n'est pas encore clairement le leur ; 'Syn-drom' manque nettement d'homogénéité et de cohérence, se présentant davantage comme une compilation d'expérimentations que comme un disque à l'identité affirmée. Si le travail sur les samples est loin d'être mauvais, il est encore utilisé de manière naïve selon le regard du débutant qui use et abuse de cette boîte de Pandore remplie à craquer de possibilités neuves qu'il voudrait intégrer partout. En résultent des longueurs excessives sur les passages instrumentaux des chansons, des remplissages inutiles. Paradoxalement, c'est tout ce que le groupe conserve de son ancienne expérience qui fait aujourd'hui la différence, surtout le chant et quelques parties de guitare. Le reste, comme beaucoup d'albums du style, a mal vieilli ; trop d'imperfections, de maladresses, de structures neuves à l'époque mais soit mieux exécutées soit dépassées aujourd'hui ruinent la crédibilité de ce disque trop écartelé qui peinera à trouver son public. Une fois encore, à la décharge des artistes, ils ne l'ont sans doute pas enregistré dans les conditions adéquates mais je pense que cela n'explique pas tout. Pas si catastrophique malgré tout, 'Syn:drom' est un disque semi-orphelin qui n'existe, c'est là l'ironie du sort, que par le passé brillant de ce père dont il cherchait à se démarquer...Sans Delicti, Corpus n'était qu'une enveloppe sans grande saveur, pas assez extrême dans sa démarche.

note       Publiée le lundi 23 avril 2012

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