NON + Smegma › Smegma + NON

La culture indie et D.I.Y. naissante en 80 a quand même été une forme de révolution. A lire les notes du coffret « Mute Documents 1978-84 », Daniel Miller, fondateur du label du même nom, a rencontré quasiment tous ses collaborateurs dans le disquaire Rough Trade (qui n’était pas encore un label et distro indé), à croire qu’il s’agissait d’un véritable lieu de vie – difficile à imaginer hélas, aujourd’hui. Il a ainsi réussi à tomber sur Boyd Rice, San Franciscain de son état, qui était là pour revendre ses disques, et une collaboration été née. NON, projet de Rice, sortira de nombreux disques sur Mute, dont le tout premier est ce 45t à deux trous et lisible à toutes les vitesses. Un split single avec Smegma, pour ne rien arranger. Visiblement, l’auditeur lambda de 80 avait de quoi être sérieusement chamboulé, et c’était le but. Il suffit d’écouter l’horrible Knife Ladder (c’est juste un sample de snuff movie ou film d’horreur, mais à l’époque ce genre de sous-culture n’était pas si connue). Si je mentionne ce single, ce n’est pas tant pour la musique de NON – qui perd de son intérêt sur une réèd cd vu la spécificité du support – mais pour Smegma, émanation fangieuse des cinglés du L.A.F.M.S (pour Los Angeles Free Music Society et non Like a fucking motherfuckin sucker, à notre grande consternation), dont c’était ici l’une des premières sorties, et à fortiori en Europe. Deux groupes parmis les plus extrêmes (bon allez, les plus extrêmes, on peut le dire) de la côte ouest réunis sur un label qui débute à peine, c’est fort. Surtout quand on entend du noise rock crade et lourd sur la face B, en 80. Smegma fait plus peur que le grand méchant NON, rien qu’avec la musique.