The House Of Usher › Inferno-L'Enfer

Après le cosmos, c'est en enfer que le voyage initié par The House of Usher se poursuit, un voyage qui n'a en rien délaissé ses allures de quête car dès les premières harmonies, l'album se révèle étonnamment 'léger' dans ses sonorités. N'en déduisez pas qu'un changement de cap est intervenu, c'est bien du House of Usher pur jus mais avec un thème pareil, on aurait pu s'attendre à des atmosphères plus tendues. Il n'en est rien, le ton est plutôt frais et cristallin quant aux sonorités des guitare, le synthé s'il n'a pas perdu sa mélancolie ne dégage plus cette impression d'espace un peu angoissante et les choeurs féminins mieux mis en valeur au mixage renforcent plutôt la touche 'angélique' des climats. Rien de désagréable, la mise en bouche est plutôt savoureuse avec quelques bons morceaux aux mélodies efficaces ('One of a million', 'Crisis', 'Heaven of heavens') mais imperceptiblement un léger malaise se glisse le long de la nuque. On y reconnait bien le style du groupe mais en plus mou, comme si les musiciens étaient fatigués, ce d'autant que la bande à Jörg Kleudgen ne cherche en rien à dissiper l'impression en y glissant des passages plus tranquilles ('Against all everything'). Il faut attendre 'With the heat of a sun' et surtout 'Once in a blue moon' pour retrouver le sentiment que les musiciens sont pleinement impliqués dans la progression du disque mais le goût des lignes claires est décidément la marque de 'Inferno' et 'The day the world stopped breathing' nous replonge dans ce gothic rock tranquille aux sonorités glacées, pas désagréable certes mais que l'on ne ressent pas comme habité. L'auditeur se sent glisser dans une sorte de torpeur dont 'All that you need' le tire brusquement sans pour autant réveiller la passion puisque 'Infernal' ralentit une fois de plus le tempo. Heureusement, voilà qui n'empêche pas une noirceur percutante de s'immiscer enfin dans l'âme, laquelle n'a guère le temps de s'installer puisque le voyage touche à sa fin sous forme d'un spoken word en allemand, comme une pièce radiophonique de près de 25 minutes. Démarche ou remplissage éhonté ? Et me voilà bien désarçonné quant à mes sentiments. Impossible de décrire 'Inferno' comme un mauvais enregistrement, il inclut même quelques réussites, mais difficile de se départir d'un sentiment de manque d'inspiration ou du moins de conviction, d'énergie, même le chant de Jörg paraît dénudé. Et pourtant, l'envie de repasser le cd n'a pas disparu...Est-ce cela l'enfer, ce faux sentiment d'ennui qui nous ronge tout en nous nourrissant ? 3,5/6