Not Breathing › Time Music Of Quasars

Ce soir je ne dormirai pas parmi vous. C'est que, voyez-vous, j'ai décidé de passer la nuit dans l'espace. J'ai pris mon petit sac à dos et délaissé le monde, comme Boris – le petit personnage lunatique, pas l'autre - j'ai pris ma fusée et me suis évadé dans les étoiles. Guidé par une pulsation, celle des quasars, je me suis embarqué dans l'oeil d'une tornade qui passe dans mon désert intérieur pour me propulser en l'air, les yeux grands ouverts. De là-haut les gens ne me jugent pas et je ne juge plus ; je ne m'occupe plus de ce qui est bien ou mal ou coupable ou infaisable. De là-haut je survole des territoires immenses ; déserts de sable, tempêtes à venir, stratosphère mouvementée et je m'en fiche éperdumment, car de là-haut je danse avec les étoiles. Elles ne me connaissent pas mais m'acceptent immédiatement en leur sein, virevoltent autour de moi et en moi, solidifient leurs pulsations en rythmes profonds et splendides qui battent à l'unisson avec mon coeur, scintillent tant et si bien que cela confine à l'hypnose, voire la transcendance. Elles me jettent de l'une à l'autre dans leurs long bras filandreux, m'abandonnent parfois au vide sidéral, laissé en pâture aux vents magnétiques et solaires qui me passent au travers comme si je n'avais pas de corps. Et à l'autre bout de l'univers une autre étoile me rattrape de justesse avant le grand Rien, sur le rebord de la dernière écaille de la Tortue Cosmique. Et de là-bas, la danse continue. Qu'on est bien au loin et à l'abri de tout et de tous, à s'accorder à la rave party infinie qui se déroule au travers de tout le cosmos, dont les astres sont les danseurs et dont les cycles battent la mesure. Mais qu'est-ce qu'une nuit terrestre à l'échelle de l'univers ? Une ombre aussi fugace que celle d'un nuage d'été sur un brin d'herbe, et bientôt il me faut revenir – les étoiles redeviennent instruments sous effets, les scintillements redeviennent réverbérations, les pulsations redeviennent boîte à rythme, les souffles redeviennent improvisation. L'espace-temps élastique reprend sa forme initiale et me laisse hagard, là où j'étais hier soir ; mais où étais-je donc ? Comme me l'avait dit Alain : laisse le vent du soir décider...