Hilt › Journey To The Center Of The Bowl

Vous avez prodigieusement ignoré ma chronique du premier Hilt et vous passerez sans doute à côté de cette seconde aventure : tant pis pour vous. Je suis donc libre de namedropper à qui voudra bien le lire : Foetus, The Legendary Pink Dots, Killing Joke, Pulp, Medicine, EinstuErzende Neubauten. Rien que cela ! Non, à vrai dire, il y a bien plus : un certain côté punk et dont les références me font défaut, pareil pour le noise rock qui prend pourtant ici tout son sens. Tiens, voilà, ce disque c'est Love's Secret Domain rejoué par les Buzzcocks et Pink Floyd. Enfin, quoi, vous avez vu la pochette ! C'est pas comme si on vous mentait sur la marchandise. Même quand ils font de la pop, comme sur leur tube 'Superhoney' ou le mièvre 'Sandy Feet', il le font avec une telle langueur (et une délicieuse ironie : écoutez 'Never Gonna Fall Again' de plus près) qu'il est difficile de ne pas se laisser emporter dans les volutes de voix maniérées ou, pour le premier, dans ses guitares fuzzées. Qu'il s'agisse de faire péter la ballade à minettes, de faire des tubes odieusement bons tel 'Walking on Thunder' où les années 70, 80 et 90 se condensent en une envolée torride ou encore de rentrer dans le flanc via le tabassage punk ('950', '222', '314') Hilt le fait et le fait bien. Quand il s'agit de brailler de l'indus rock, Hilt le fait et le fait bien aussi : 'Loudmouth Canyon' en est l'exemple type. Et puis il faudra bien que cela s'électronise un peu, vers la fin, Goettel et cEvin Key obligent ; mais tout l'album est déjà si ionisé qu'une décharge de plus ou de moins dans le vortex n'affecte pas spécialement la cohérence du tout. À la limite c'est même la seule cohérence : les matières conductrices ont beau être bien différentes les unes des autres, elles laisseront filer de la même manière les électrons à travers leurs structures atomiques, psychoactives et ultra-saturées. Tant pis pour vous, je vous dis.