Garten Kirkhof › The lost tapes1988-94

Curieusement, c'est Infrastition qui est à la base de la mise en cd de cette collection de démos et d'enregistrements de répétitions, tactique différant de leurs sorties habituelles. Mais en fan de deathrock que je suis, je ne m'en plaindrai pas, surtout que les Garten Kirkhof n'ont jamais eu l'occasion de sortir de véritable album et que le boulot est bien fait (digipack, livret explicatif avec biographie et photos). Ce combo, c'est avant tout le refuge de deux jeunes mecs, Wayne Hopkins et Veto, soldats dans l'Air Force, blasés de leur boulot, sans réelle perspective d'avenir et gavés par la soupe diffusée par les ondes. Ils s'accrocheront de toutes leurs griffes à David Bowie, Joy Division, Christian Death, Bauhaus, Siouxsie et autres The Sound et apprendront ainsi à se connaître. Histoire de tromper l'ennui de la vie à la base, ils tenteront de mettre sur pied divers groupes mais sans réel succès, peu de gens étant intéressés par leur musique. Une fois libérés des drapeaux, les deux jeunes gens se trouvent séparés géographiquement pour des raisons professionnelles mais restent en contact jusqu'en 1988 où Veto annonce à son collègue qu'il monte un groupe où ce dernier pourrait tenir la basse. Il n'en a jamais joué mais où est le problème ? Ni une ni deux, il quitte son boulot merdique et s'installe dans l'Ohio. Veto qui grille son blé au magasin de disques pour s'acheter plus de disques y croise un jeun goth. Frappé par son look, il mettra des mois à le retrouver pour lui proposer la place de chanteur. Garten Kirkhof était né. Pas pour longtemps, six ans plus tard, le combo mettait la clé sous le paillasson, les temps n'étant toujours pas mûrs pour leur deathrock rêche et torturé. Pourquoi prendre alors la peine de ces rééditions et de toutes ces explications ? Parce que Garten Kirkhof, c'est aussi une histoire de passion, celle de types paumés pour qui l'amour d'une certaine musique prendra des airs de lumière dans la morosité quotidienne. Oui, le son n'est pas toujours bon, oui, leur musique même si bien ficelée est parfois bancale et emprunte des sentiers largement balisés, oui, ce genre de cd se destine avant tout au fan bien trempé du style qui se plaît (comme moi) à découvrir de nouvelles formations et se tisser une histoire toujours plus précise du mouvement et des chemins de vie de ceux qui partagent la même passion. Personne n'a jamais affirmé le contraire. 'The lost tapes' peut s'écouter pratiquement comme un documentaire avec des moments franchement marrants, notamment la reprise de 'Hee haw' (un de mes favoris d'Alien Sex Fiend), bordélique à souhait au début, très crue dans le rendu. Notons que les chansons ici proposées diffèrent de la première compilation ('Le Dormeur') évitant ainsi toute redite malvenue. Voilà, vous savez tout ou presque, si une âme d'archiviste ou de sociologue du deathrock vous caractérise, ce cd est pour vous. Pour les novice, je conseillerais d'abord les grands classiques du genre ayant influencé la vie de gens comme les membres de Garten Kirkhof. 3,5/6