Download › Inception: The Subconscious Jams 1994 - 1995

Qu'il est bon de prendre une pause avec un artiste qu'on adore, parfois un an ou deux, pour y revenir l'oreille fraîche. C'est que, la tête dans le guidon, on finit par s'accomoder de son style et de ses gimmicks jusqu'à ne plus saisir de vision d'ensemble. À première vue Inception pourrait sembler vague et trop propret au regard de la discographie de Download mais dans la perspective plus électronique et mis au pied d'égalité avec les artistes comparable de chez Hymen Records tels Xingu Hill ou Somatic Responses, celui-ci se révèle bien aussi riche et fourmillant. La première chose à recommander avec cette compilation est l'écoute au casque tant il se passe de choses en arrière-plan, parfois sur un seul canal ou zig-zagant de l'un à l'autre. Ne vous faites pas berner par les longues plages techno de 'Bee Sting Sickness' et 'So Easy to Kill', sessions de remixes orientés dancefloor, ou la fausse acid house de 'Thats.Our.Process' ; si les beats prédominent dans certains cas, ces jams reconfigurés possèdent aussi et surtout une impressionnante biodiversité. La méthode de construction (se défoncer, improviser, enregistrer, recomposer, remixer) évite toute redite ou classification expéditive et les quelques voix que l'on entend ici et là ('Weed Acid Techno') sont complètement déchiquetées, prisonnières des cages sonores psychédéliques qui sert de structure à chaque titre. On retrouve même la patte glauque de Furnace sur 'Deepdark Modular' qui rappelle le minimalisme belliqueux d'Electroplasma ou, osons la comparaison, Kareem. Ce qui se passe ici a tout de l'accident heureux ou malheureux, ainsi si certains titres n'ont pas de rythmique, ils auraient tout aussi bien pu en avoir et cela n'aurait pas changé grand chose : Du Seekness-ien 'This is Quality Grass' au 'Wavestation Phug' (sur lequel l'apport de Mark Spybey est évident) les pistes ambient se construisent d'elles-mêmes, un peu comme chez Not Breathing en plus glitchy. Cela se rapproche aussi des travaux solo de cEvin Key qui emprunteront plus d'une fois les données enregistrées ici (mais aussi chez Skinny Puppy, comme sur The Process) ; autrement dit un incessant va-et-vient entre musique de défonce et musique défoncée.