Mercyful Fate › 9

Un démon se noyant dans un lac de feu...Faut-il y voir un symbole prémonitoire ? Toujours est-il que '9' (inspiré des neuf cercles de l'Enfer de la 'Divine Comédie' de Dante) constitue la dernière livraison à ce jour du groupe. Etait-ce prémédité ? En guise de testament, cet album se révèle une véritable machine de guerre méchamment inspirée, comme une forme de résumé de tout ce que le groupe est capable de fournir de bon. Les aspects heavy bien sûr, avec des riffs d'enfer mais également une porte entrouverte à des influences thrash dans le jeu de batterie qui se laisse aller à céder parfois au syndrome de la double pédale ('Last rites', 'House on the hill', 'Insane'). Heureusement, le disque ne se limite pas à un martèlement intensif puisqu'il propose des chansons plus 'tranquilles' aux atmosphères soignées ('Church of St-Anne', 'Buried alive'), avec même des instants frisant le hard rock ('Sold my soul'). Pour son chant du cygne, King se veut magistral derrière le micro, variant son chant mais, bonne nouvelle pour certains, n'abusant pas du registre aigu (assez peu présent cette fois-ci et plutôt réservé aux choeurs). Je trouve même ce disque très tendu (plus que réellement violent), peut-être même constitue-t-il l'un des essais les plus sombres de Mercyful Fate ? Quelques pointes épiques pour les ambiances et le tour est joué. A cheval entre ses débuts et quelques influences plus modernes, le groupe parvient en tout cas à rester cohérent et puissant, même s'il n'était pas forcément nécessaire d'user à ce point de la double grosse caisse. Nous n'en sommes pas au chef-d'oeuvre mais il est certain que '9' se classe dans les moments forts de sa discographie. Des chansons telles que 'Church of St-Anne', 'Buried alive', 'Sold my soul', 'Last rites' ou même 'Kiss the demons' et son cache-cache entre passages semi-acoustiques mélancoliques et enchaînements sur un bon heavy des familles sont de beaux moments d'écoute. Je suis moins fan des tentatives thrash de 'Insane' mais peut-être est-ce une question de goût ? Je laisserai la parole aux spécialistes. On aurait souhaité un final en apothéose, rôle que '9' ne remplit pas totalement (curieusement, je songe à une version plus violente de certains travaux d'Alice Cooper par certains aspects) mais on s'en contentera largement, ce d'autant que le disque sonne très inspiré dans sa globalité, de quoi tirer sa révérence la tête haute. On n'en attendait pas moins du King. 4,5/6