Dreadful Shadows › Beyond the maze

Violons, violoncelles, flûtes, choeurs...Six ans après le 'Irony of fate' de leurs compatriotes de Love Like Blood, les Dreadful Shadows affichent les prétentions pour leur troisième album et prouvent du même coup à quel point ils sont professionnels. Au lieu de la surenchère sur laquelle l'abondance de moyens aurait pu déboucher, 'Beyond the maze' se révèle au contraire un album, sobre, mesuré, parfaitement équilibré, où les instruments néoclassiques sont là pour enrichir des structures déjà pensées et non prendre lourdement le pas. Nulle pompe de mauvais aloi, nulle lourdeur indigeste dans les orchestrations, le groupe tire parti de ses deux bons essais précédents, de ses expériences sur scène (dont il nous fait d'ailleurs profiter sous forme d'un cd live bonus) pour quêter la sincérité, éviter de se réfugier derrière le masque de la production et sonner le plus authentique possible. Cet album résonne de manière étonnamment mélancolique voir intime, collant davantage aux racines goth rock que metal du combo. Nous n'échappons pas à la traditionnelle intro avec choeurs mais elle aussi sonne recueille plus que flamboyante et peut-on en vouloir à nos Allemands pour cela ? 'Fall' confirme rapidement que nous écoutons une oeuvre de bonne facture, un bon titre gothique aux guitares dynamiques mais pas grasses, un jeu de violon fort judicieux et un Sven Friedrich magistral derrière son micro. 'The figures of disguise' confirme l'option d'une production dépouillée, moins lourde qu'à l'époque des débuts, avec pour effet une efficacité mélodique accrue, un doigté plus subtil dans les riffs de guitare. Les musiciens paraissent avoir saisi qu'il est possible de traduire une grande intensité autrement qu'en accentuant l'épaisseur des guitares et même les choeurs criés du chanteur ne sonnent pas inutilement pesants. Il leur est donc désormais possible de s'offrir de vrais bons passages calmes aux arrangements délicats, baignés d'une tristesse pudique et juste soutenue par des cordes mesurées, préludes d'attaques plus violentes mais jamais excessives. Les Dreadful Shadows ont corrigé la durée parfois légèrement excessive de leurs premières chansons d'où l'absence de sentiment d'ennui. Chaque morceau paraît livrer ce qu'il doit puis s'arrêter, sans artifice superflu. Les perles s'enchaînent, le recueilli, presque funèbre 'The soil' (sans la moindre batterie), un 'Drowning sun' flamboyant mais jamais pompier, un 'Desolated home' renouant avec quelques riffs metal mais de manière balancée, et toujours ces cordes discrètes mais impeccables pour renforcer le halo de tristesse baignant le disque. Le grand gagnant de l'histoire est Sven, cette production subtile et rigoureuse lui permet de mettre son chant en avant et de donner le meilleur de lui-même. On frise le chef-d'oeuvre et si plusieurs détails m'empêchent d'accorder la note maximum, il n'en demeure pas moins certain que les Allemands signent là une de leur plus belles réussites et un grand disque tout simplement. Quant au cd live, s'il reprend des morceaux de 'Beyond the maze', il a pour qualité de proposer quatre autres chansons, deux extraites de 'Buried again' et deux du mini 'Homeless'. Sa qualité sonore est en outre vraiment bonne et ravira les fans des aspects plus musclés de la musique du groupe sans décevoir pour autant les amateurs de gothic rock pur jus. Un indispensable.