Dans le power electronics, tout est souvent affaire de contrat, le genre ne s’adressant en définitive qu’à ceux qui en ont préalablement accepté les clauses. Il n'y a qu'à observer le public d’experts -au rigoureux code vestimentaire et capillaire- présent aux performances pour s’en convaincre : que du consanguin, convaincu d’avance. De l'initiale tactique de choc gristlienne, devenue whitehousienne, puis greywolvienne, il ne reste plus rien. Un genre parmi tant d’autres, avec ses cliques et ses tickets d’entrée. On se prend alors à rêver d'un Con-Dom ou d'un Death Squad en première partie de Marylin Manson, devant un public non préparé ; voilà qui rétablirait enfin un rapport intéressant. Est-ce là un drame ? Au fond, pas vraiment, et au pire cela frustre-t-il un infime noyau dur de puristes, soit nostalgique de l'indus de la première heure, soit entre-temps recroquevillé sur les sorties dégueulasses de Freak Animal et Filth & Violence. Chez Operation Cleansweep, dont la démarche et la musique sont au power electronics européen ce que la pochette panda est au black metal : un stéréotype, le contrat est ainsi typiquement essentiel, sous peine de passer à côté du truc. Figé au possible, le mystérieux duo déroule sans fausse note ni prise de risque ses trames de MS-20 saturées, vaguement rythmées par moment («Lesson 1», dont il faut admettre la qualité galvanisante), enrichies de tape voices à profusion, issues de discours politiques, de reportages, d'entrevues. Le chant, hurlé bien évidemment, se verra, lui, enfoui sous une épaisse couche de saturation et de bruit blanc («Fuck your brains out»). La résultante, qui frôle la brutalité et le mortifère sans jamais les atteindre, coincée quelque part entre la lourdeur de Söldnergeist et la froideur d'Anenzephalia, pêche par une flagrante raideur du gros côlon : il se pourrait qu'il s'y trouve un balai. Je crains de ne pas signer le contrat cette fois-ci.