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Parliament › Osmium

cd • 17 titres • 78:32 min

  • 1I Call My Baby Pussycat4:23
  • 2Put Love In Your Life5:01
  • 3Little Ole Country Boy3:56
  • 4Moonshine Heater4:03
  • 5Oh Lord Why Lord/Prayer4:56
  • 6My Automobile4:44
  • 7Nothing Before Me But Thang3:53
  • 8Funky Woman2:54
  • 9Livin' The Life5:50
  • 10The Silent Boatman5:44
  • Bonus/Singles
  • 11Breakdown (Mono Single Version)2:31
  • 12Red Hot Mama4:26
  • 13Come In Out Of The Rain2:56
  • Bonus/Outtakes
  • 14Loose Booty10:18
  • 15Fantasy Is Reality3:57
  • 16'Unfinished Instrumental'5:11
  • 17Breakdown (Stereo Unedited Version)3:51

informations

Enregistré aux H-D-H Sound Studios. Produit par George Clinton et Ruth Copeland.

La chronique ci-dessous - comme la note incidemment portée - concerne l'album tel que paru à l'époque, abstraction faite des sept morceaux bonus présents sur l'édition CD de 2009. Quelques qualités qu'on puisse trouver à ces plages supplémentaires (j'aime assez les trois singles, pour ma part, voire plus qu'assez, concernant Come In Out Of The Rain ; l'intérêt des pistes issues des session d'enregistrement de l'album mais non retenues par le groupe à l'époque m’apparaît plus douteux…), elles présentent l'inconvénient, lors d'une écoute in-extenso, de tomber après The Silent Boatman… Tant cette singulière chanson s'impose comme la parfaite conclusion - qui plus est survenant à l'adéquate durée - du cycle constituant l'album original. Après quoi tout ajout ferait facilement poids mort, fausserait l'équilibre.

line up

George Clinton (voix), Ray Davis (Raymond Davis) (voix), Tiki Fulwood (Raymon "Tiki" Fulwood) (batterie), Fuzzy Haskins (Clarence "Fuzzy" Haskins) (voix), Eddie Hazel (guitare), Tyrone Lampkins (batterie), Billy "Bass" Nelson (William "Billy Bass" Nelson) (basse), Gary Shider (guitare rythmique), Calvin Simon (voix), Grady Thomas (voix), Bernie Worrell (claviers)

chronique

Bon Dieu de Foutre et Plumes d’Ailes ! Séraphins et Ruisseaux où se vidangent les Cités ! Saintes Coiffes et Bas Morceaux, les voilà qui reviennent… Et tout commence dans le moite – J’appelle ma nana Chatte, j’écris ça C.H.A.T.T.E. ; et ça se poursuit dans l’amour pur et chaud, la lumière miel et feu - qui coule, enveloppe, infuse ; sans quoi l’on est guère plus qu’un bout d’étoile gelé. Lors mets-en dans ta vie : Gospel et Sécrétions, soulevé hors le Mesquin… Le Parliament d’alors, à vrai dire, diffère encore bien peu de son jumeau de scène Funkadelic. Celui qui, sous un même jour, enregistrait son Free Your Mind dément et magnifique - son afro nue sur la pochette qui s’ouvre entière au ciel et s’y lance d’un même pas : visage déjeté, muscle plastique, chair élastique dans les fumerolles et dans le bleu. Et ce sont les mêmes gens - à si peu près ; exactement, même, à l’empan de ceux qui passent et vivent en ces parages. Clinton, de fait, vient de retrouver le droit à user de ce nom - Parliament, donc, anciennement The Parliaments. Libéré - via faillite - d’un label qui le tenait en joug sous son contrat. Si le son des deux entités – théoriquement, du moins, et seulement sur disque – se fera bientôt plus distinct, il n’en est encore rien sur ce premier album. Les riffs en incendies de vingt millions de watts, le fuzz en torrent, les chœurs en timbres arrachés ; le déboîté moelleux, le reflet dans l’œil d’or sur la piste où l’on se colle, peaux en surchauffe… Y manquent encore les cuivres aux lubrifiants mais tout, du reste, y est mêlé ; intriqué, entraîné ; en traînées, en agrégats denses ; toutes frontières outragées à la vitesse du sang qui courre, excité par les bruits du Foutoir ; toute cohérence, toute cohésion intacte, intouchée par la tiédeur des fadaises syncrétiques. Car ce qui retourne le sens - il a tant d’ouvertures, celui-là, par où le prendre - dans ce disque fou, poignant, exultant, secoué d’hilarité, yeux brillants de ferveur… C’est que dans sa foison, rien ne fait superflu, rien n’y sonne forcé. Une force le tient, tend son plexus, une joie en rayonne, d’immenses aspirations nourrissent son grand souffle ; l’extrême lucidité anime son regard. Ici aussi l’humour féroce écorche, enjambe tout apitoiement ; tourne l’argot, le bout-rimé salace en perfections concises, en couplets fantastiques. Là également, une soif intense de fraternité, d’harmonie céleste, talonne la mordante ironie, la saisit au collet pour la lancer vers ses voûtes, quitte à tailler pour ses trajectoires colonnes de grâce puissante, dentelles sublimes aux verrières. Là, encore, les genres sont bouleversés, appropriés, les questions de styles supposément incompatibles renversées d’une joueuse bourrade. Même, il se pourrait que l’innombrable y brille avec plus d’évidence, encore, par passages, que sur Free Your Mind. Parce que les musiques, ici, ne sont pas toujours fondues, que telle ou telle y brille parfois, détachée sur le reste, de sa lueur propre, à peine altérée. Put Love In Your Life, donc : prélude en Spiritual d’intime concoction ; puis soul à orgue et voix de crooner vibrant de conviction, outrée dans les graves, à la limite d’un parodique où elle refuse - de justesse - de verser ; puis pop aux harmonies Motown voire Beattles à peine voilés ; puis enfin cette guitare de mercure effervescent, amadou psychédélique qui perce la chanson et la fait exploser. Combien de mondes en cinq minutes ? Et comment ça se tient si parfaitement campé ? … La bande répond par la country. Little Ole’ Country Boy, même. Comme indiqué, donc : guimbarde, yodels et guitare pedal-steel. Confondant, encore une fois ! Parce qu’enfin – voyez leurs touches ô combien peu bluegrass – on se dit que tout ça ne peut être complètement sérieux ; et que c’est joué pourtant avec un tel allant, avec une telle science dans la mesure du trait appuyé, qu’on reste à chaque note loin de la lourde blague, du pastiche grossier – parce que la musicalité de la chose, gagnée par la couleur exactement voulue, emporte le morceau loin de tout plat sarcasme. C’est le moment qu’il choisissent pour nous décocher Moonshine Heater : pur funk en syncopes vicieuses, appuyées mais pas emballées, parabole débitée en scènes d’un humour noir-ciel-plombé, grincement de dents à la Chester Himes qui nous conte l’histoire d’un gangster femelle, mère de quatorze bouches qu’il lui faut bien nourrir et qui s’agenouille sans faute chaque dimanche à l’église avant d’aller lâcher sa dose au flic, au juge, à qui payera – et est-ce qu’elle n’assure pas ? Elle qui payera les funérailles… Ça continue ainsi, ensuite, en passant par à peu près tout, dans et hors l’imaginable. Par le Canon de Pachelbell – pièce baroque allemande fort connue, datée de 1677 et déjà empruntée par les grecs Aphrodite Child pour leur Rain and tears de 1968, chantée alors en falsetto par le barbu Demis Roussos… Subvertie pour cette fois en chœur d’église détraqué, glissant sur clavecin et harpes à la dernière limite : où l’émotion la plus écorchée frôle les confins du grotesque. Où l’on se mord les lèvres entre les quintes de rire. Par la vieille métaphore de l’automobile comme organe virile - les blues d’entre deux guerres en faisaient déjà ses gorges chaudes – qui s’achève pour l’occasion en retour solitaire, à contempler le bas du dos de la passagère qui n’en veut pas. Là encore, miracle : la franche trivialité de la chose ne dérape pas dans le graveleux – tant la forme s'exalte et la joie du jeu flambe. Ainsi, encore, etcetera, sans jamais faiblir, sans jamais pause à vide : du lucre aigu aux percées d’âmes en flèches, aux tiraillements profonds des faims de l’organisme, aux saillies admirables des alertes esprits. Et voilà qu'ils nous parlent maintenant de Jésus. Une superbe ballade, ouverture au piano, voix lâchée, habitée ; Lui qui vivait en Frère, en toute volonté ; et puis la même chorale, encore, qu’auparavant - mais cette fois-ci en une autre nuance, si subtile qu’on ne saurait dire, bien qu’on ressente pleinement l’intention réalisée, pourquoi elle nous tire maintenant vers le pur ravissement, sans qu’on la soupçonne ce coup-ci d’en faire trop, et puis de nouveau cette guitare qui éblouit, cet orgue qui propulse. Enfin vient l’apaisement, l’attente du passeur. Qui sur sa barque vous prendra, vous fera traverser le Styx ou bien le cour d'un autre Mythe ; il vogue maintenant sur d’étales… Cornemuses ! Oui ! En pleine musique noire - et indéniablement - avec ces voix qui sortent en flots, se chevauchent, s’imbriquent, s’enflent en paroxysme et nous dilatent, alvéoles. Ô Céleste Baisoir ! Affuts vers les Hauts Cieux qui bandez vos obus ! Ô Marie-Madeleine, giron des âmes en doutes et des dards en maraude… Nous voilà enfiévrés de vos glorieux bacilles.

note       Publiée le mercredi 4 janvier 2012

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Hasard des rebonds des trucs qu'on fait, voit, entend... Je percute via une série sur netflix que The Silent Boatman (le morceau de clôture de l'album, que j'ai toujours aimé bien au de-là du côté "h c'est rigolo, de la soul avec de la cornemuse !") - l'intro, nettement ; l'air/mélodie/harmonie des couplets, adroitement, joliment - tape allègrement dans The Skye Boat Song, une chanson écossaise "collectée" dans les années 1870, pour quoi Robert Louis Stevenson avait écrit de nouvelles paroles une quinzaine d'années après, et qui cause de la fuite en bateau vers l'île de Skye d'un petit groupe de Jacobites (les "rebelles" partisans des Stuarts, pas la bande à Nikki Sudden - faudrait attendre encore un petit siècle, pour eux), après leur défaite en 1745... "Je le savais bien que j'avais déjà entendu ce truc". (Et c'est marrant de constater ça au moment où je relie le "Country" de Nick Tosches, où le gars "s'amuse" à tracer des origines médiévales, "folkloriques", antiques parfois, dans des chansons - dans les musiques "profanes", à l'époque regardées comme "vulgaires en regard de la noble vieille culture" des Noirs et des Blancs d'Amérique - rock'n roll, rhythm'n blues et autre hillbilly et honkytonk.

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Oui, c'est l'époque où les deux "entités" ne sont pas vraiment distinctes, en fait... Les cuivres - qui feront très bientôt une grosse différence (avec l'absence de guitares saturées (d'acide) comme ici ou dans Funkadelic, justement, déjà et plus tard) - ne sont pas encore de la partie... Et puis là, clairement, le psychédélisme n'a pas encore - mais du tout ! - fait place au groove huilé de sécrétions à l'état pur... Du tout du tout, même. Là, celles-là et celui-ci sont encore tout mêlés-serrés (mais à doses de cheval, hein comme on dit).

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    sebcircus Envoyez un message privé àsebcircus

    Un album de Parliament à part, très différent de la suite (Chocolate City, Mothership Connection), cela sonne plus comme du Funkadelic

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    ericbaisons Envoyez un message privé àericbaisons

    pur moment des 70s. Ca a son groove personnel, perso ça me branche plus que pas mal de trucs ondulant dans le vide. Franchement merci, parce que je ne me serais pas penché sur les débuts de Parliament avant un moment.

    NevrOp4th Envoyez un message privé àNevrOp4th

    Merci ! ;-)