Phallus Dei › Cyberflesh

La trinité du jour, c'est 2-4-6 : She Suffers, Live on Joy, Existence. Trois titres qui enterrent toute une frange de la dark-wave ; celle de Lacrimosa, Relatives Menschsein, Misantrophe et autres, et qui s'installent paisiblement sur leurs tombes. C'était pourtant mal parti pour Phallus Dei avec un premier album intéressant mais très hétérogène et surtout plombé par un sampling massif qui virait au vol à l'étalage (Un morceau de Coil et un autre de DIJ entièrement repompés) qui semblait ne mener nulle part. Ils trouveront pourtant ici bien des réponses, ce qui soulèvera d'autres questions plus existentielles qui deviendront cette fois support thématique et idéologique d'un Cyberflesh aux contours difficilement cernables à priori, mais qui diffuse écoutes après écoutes un distillat très noir, éminemment gothique, mais tout autant romantique que surréaliste sur la nature humaine, ses désirs et ses aspirations. Ils dressent ainsi des constats implacables comme sur le remarquable 'Live on Joy' aussi glacial que bouillant sur son final infernal, en tout cas criant de grandeur ; peut-être pour poser les bases d'une nouvelle religion dont les pontifes sont Salvador Dalí (dans un remarquable dialogue en français à propos de Dieu sur 'Dieu', puis à propos de la mort sur... 'La Mort'), mais aussi Klaus Kinski, Charles Manson, Adi Newton de Clock DVA, d'autres plus discrets mais tout aussi évidents (Lewis Caroll et Aleister Crowley à travers l'intro et l'outro) et bien sûr monsieur Oliver dont le Lingam sacré se dresse magistralement pour bénir de sa semence empoisonnée le premier tome d'un Testament d'un tout autre ordre. Les psaumes y sont tour à tour sentencieux, tels sur la trinité du début avec aussi 'Clothed in Flesh', ou plus solennels, tels sur les grandioses 'Tortured Heroïne' et 'Man's Son' aux rythmes lancinants et aux allures tragiques de peplum moderne. Peut-être y a-t-il un peu trop de ces petits instrumentaux, qui bien que parfaitement intégrés à la bizarrerie ambiante trahissent leur surnombre par un apport toujours grandissant de samples de tueurs en série et autres fortes têtes du genre humain. Un mot cependant, encore, sur 'Existence' qui résume toute la splendeur de Phallus Dei sur un titre d'abord très heavy, brûlant de riffs, de batterie sèche et martelante, et de prose répétée ad nauseam tandis que la tension monte puis descend, puis remonte, avant de voir le morceau soudainement prendre la tournure acoustico-hispanique qui deviendra l'un des points fort du groupe pour un splendide final reprenant la même formule en version flamenco – inimaginable, et pourtant magnifique. Le calme comme la tempête ici résumée en un seul verset devenu mantra : "Terror and sweat / Agony and despair / Existence: full picture."