Bel exemple de longévité, ce qui n'est jamais gagné d'avance dans les milieux alternatifs, ce duo américain aligne presque vingt ans de carrière au compteur, vingt ans durant lesquels, il a développé une forme de darkwave heavenly plutôt personnelle, le plaçant ainsi parmi les pionniers du genre au Pays de l'Oncle Sam. Cette galette, je l'ai achetée un peu au hasard et je n'en suis pas déçu, elle vieillit plutôt bien. Qui dit heavenly implique voix féminine éthérée, The Machine in the Garden ne déroge pas à la règle ; celle de Summer Bowman, fort belle, évolue de manière délicate avec juste ce qu'il faut d'émotion humaine pour ne pas se diluer totalement. Ce que j'apprécie ici est que malgré l'univers féérique en guise d'inspiration, la musique du duo conserve une forme d'inquiétude, notamment de par l'usage habile de la programmation, un peu à l'image des Allemands de Engelsstaub ('Rusty haloes'). L'introduction instrumentale suit un roulement martial, 'Intrigue' et 'The unaware' dégagent un je ne sais quoi d'obscur témoignant du fait que même au royaume des elfes dans la rosée du matin, la menace n'est jamais totalement absente, pareil sur le mélancolique final 'Fade'. Nos Américains ne renoncent pas pour autant à la beauté pure, ainsi le splendide a capella 'Oh dear' qui est à pleurer ou les flirts dark folk de 'Valentine' ou 'Everything she is' mais c'est pour mieux nous lâcher un titre limite deathrock soft avec chant masculin ('Failure'). Cette apparente ambivalence des genres entre sonorités acoustiques, électriques, électroniques et cette quête de pureté jamais exempte d'une part d'ombre font de cet album une bien belle réussite dont les climats me séduisent toujours après près de dix ans. 4,5/6