Deyðin › I æviga myrkrinum

La nuit, l'obscurité et ses méandres...Probablement l'une des influences majeures du dark ambient et en tout cas celle de Deyðin, unique projet (à ma connaissance du moins) du genre issu des Iles Féroé qui nous livre ici sa première galette. Pas un son clair, juste des nappes d'infrabasses si étouffées qu'elles en deviennent des souffles, à peine frôlées de temps à autre par d'imperceptibles tremblements ou heurtées d'un coup si lointain qu'on se demande s'il a bien existé. Les ténèbres ne connaissent aucune limite de temps et les pièces s'écoulent lentement, très lentement, de manière linéaire, tellement linéaires d'ailleurs que le disque en devient rapidement ennuyeux. Certes, tout cela est ciselé avec un soin d'orfèvre, sans la moindre compromission, l'atmosphère à la fois mystérieuse et angoissante de la nuit est plutôt efficacement retranscrite ; le problème vient plutôt du manque de variation entre les morceaux et à l'intérieur de leur structure même...Pas de réelle progression, de pic ou de chute, de variations sur les sonorités, juste des superpositions de souffles aux changements si infimes que c'est à peine si on les perçoit. On saluera l'aspect 'jusqu'au boutiste' du projet surtout de la main d'un musicien d' à peine 18 ans mais face à la longueur des titres, l'oreille décroche vite et la musique se réduit alors à un bruit de fond. Dommage car au niveau de la démarche et des sons, Aron Isaksen enfonce bien des projets du genre noyés dans les tentations Bontempi mais ses textures manquent encore de corps et d'intensité pour susciter les émotions que l'on est en droit d'attendre d'une telle musique. Prometteur pourtant...