Le 9 avril 1940, l'Allemagne nazie commence l'invasion de la Norvège. En France, un manifeste paraît qui dénonce cet acte militaire avec pour slogan 'Aidons la Norvège !'. Quarante-deux ans plus tard, un trio italien fraîchement formé (et vite transformé en quatuor) tombe sur le texte en question et décide de se baptiser d'après lui. N'y voyez pas un simple gimmick, le groupe se sert volontiers des drames de l'histoire comme symboles dans ses textes (regardez les titres) ; six ans de carrière suivront avec à la clef un mini LP ainsi que quelques participations aux cassettes produites par de petits fanzines alternatifs. Séparation. Il faudra attendre ensuite 2006 pour voir le line-up d'origine parvenir enfin à se réunir pour un concert. Si pour l'heure, pas de retour en studio prévu, Aidons la Norvège a par contre donné plusieurs concerts en Italie entre 2007 et aujourd'hui et travaillé également à la sortie de cette compilation groupant les chansons du mini ainsi que six inédits supplémentaires. Je ne pouvais que m'en réjouir tant j'aime ce groupe. Pas beaucoup à attendre, il suffit de poser le cd dans la platine et ça démarre plein pot, un grincement de guitare puis une cavalcade de batterie sans concession, 'Ostaggi' est un titre âpre, sur le fil du rasoir avec un refrain désespéré (comme le thème)...Aidons la Norvège, ce sont des mélodies grandioses, une énergie flamboyante et le goût du petit détail qui fera la différence (le clavier glacé en arrière-fond de l'excellent 'Per un soldato', l'intro funèbre au piano de 'Il massacro di Parigi', ainsi que le saxo qui s'installera sur le couplet). Les musiciens s'y entendent à poser des ambiances et leurs compositions évoquent les grands noms du genre de la scène britannique (Theatre of Hate, UK Decay, 1919...) ainsi que leurs compatriotes de Rivolta dell'Odio, et l'usage de la langue italienne renforce ce sentiment de puissance. Inutile de tergiverser, cette compilation est un défilé de hits en puissance à l'intensité redoutable, les basses sont lourdes, les guitares acérées et glauques, la voix habitée. Même les morceaux les plus anciens ('Brown Boveri', 'Dopo la tristezza' ou 'La morte viene dall'altro' et surtout 'Ostaggi', mon favori) témoignent de qualités évidentes malgré une production légèrement moins bonne. On s'étonne après de ma passion pour la scène italienne !