The Go-Go Darkness › Dark Heart

Parmi les influences évidentes de Singapore Sling, outre The Jesus and Mary Chain et le Velvet Underground, il n'était pas trop difficile d'y déceler quelques relents d'un goût pour My Bloody Valentine. Volonté d'explorer cet aspect plus en détail ? Toujours est-il que Henrik Björnsson s'est crée ce side-project avec sa compagne Elsa Maria Blöndal, un univers pas si déviant de sa philosophie originelle à base de psychédélisme torve et de réverbérations toxiques, mais moins poisseux dans le rendu. Le ton général conserve sa touche caverneuse, son écoulement hypnotique mais s'y ajoute une touche que je qualifierais de féminine surprenante, un peu comme si Nancy Sinatra (le nom qui me vient immanquablement à l'esprit) avait fumé trois ou quatre bons spliffs avant d'aller jammer avec le Velvet underground ('Never again'). Si le flirt avec Singapore Sling semblait inévitable ('Snüdel bop'), le duo dégage un minimum d'identité propre notamment dans les répons évasifs des deux voix ou sur quelques expérimentations telles que la reprise du 'It's just that song' de Charlie Feathers, ballade faussement heavenly pour petits matins de fin d'été blafards dans les rues de Reykjavik alors que l'aube n'a pas encore droit de présence. J'avoue goûter aussi particulièrement la touche old school et simple de la boîte à rythmes, pouls des fuzzs tranquilles, des accords d'orgue qui tapissent les murs de ce que l'on hésite à qualifier de chambre noire ou de pièce vers la lumière. Comme à son habitude, Henrik ne sombre pas dans les excès de ses influences, reste un pas en arrière, histoire de se tapir dans une forme de halo mystérieux dont on ne sait s'il s'agit d'une douce ivresse ou du calme avant la plongée aux enfers (l'excellent 'Two count decadence')...Jouissif comme de la réglisse salée avalée avec une demi-bouteille de Brennivin. 4,5/6