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Mario Schönwälder / Frank Rothe › Filter-Kaffee 101

  • 2011 • SynGate SynGate CD-R SR01 • 1 CD

cd • 8 titres • 66:15 min

  • 1Cup 1 9:30
  • 2Cup 2 8:46
  • 3Cup 3 8:17
  • 4Cup 4 6:46
  • 5Cup 5 7:33
  • 6Cup 6 2:33
  • 7Cup 7 10:41
  • 8Cup 8 12:05

informations

Composé et enregistré entre 2007 et 2010

line up

Mario Schönwälder et Frank Rothe (Synthés analogues, digitaux et logi/synths-, Manikin Electronic Schrittmacher Sequencer et Memotron Keyboard)

chronique

Filter-Kaffee 101 a vu la lumière des studios à partir de cafés-rencontres entre Mario Schönwälder et Frank Rothe, alors technicien pour les concerts de Broekhuis, Keller & Schönwälder, en 2007. Autour de ces cafés, les compères discutaient de leur passion pour la musique analogue et, de fil en aiguille, cette passion se transposait en brèves sessions d’enregistrement éparpillées sur une période de 3ans. En janvier 2011, le duo écoutait leurs démos et s’aperçurent qu’il y avait assez matériel pour faire un bon album de MÉ de style Berlin School. Avec l’aide de Gerd Wienekamp (Rainbow Serpent), qui en a fait le mastering, Schönwälder et Rothe démêlaient ses enregistrements pour les placer dans un ordre où le tout s’enchainerait en une longue suite musicale de près de 70 minutes, donnant à Filter-Kaffee 101 une pur effusion musicale de Berlin School où les ambiances errantes embrassent les rythmes minimalistes dans une belle fusion des genres; le rétro et le moderne qui se rencontrent au carrefour de l’analogue et du digital pour le plus grand plaisir des fans de Berlin School.
"Cup 1" ouvre Filter-Kaffee 101 avec une approche patibulaire où une lente et sinueuse onde d’un synthé flottant étale ses lourdes vocalises brumeuses. Un mouvement séquentiel émerge et palpite d’un rythme franc et limpide. Accompagnées d’une discrète ligne de basse aux sobres accords pulsatifs, les séquences sautillent et pilonnent avec insistance un tempo minimaliste qui zigzague dans les ambiances d’un synthé aux solos légèrement flutés. Subtilement des percussions Tablas se substituent à l’approche séquentielle, dont les accords perdent leurs lustres de limpidité en hoquetant plus faiblement pour disparaître dans les sinueux solos de synthé qui ondulent parmi chœurs chtoniens. Nous sommes dans un univers touareg, à la croisée de la série Repelen de Broekhuis, Keller & Schönwälder et de la musique de Rainbow Serpent avec un rythme plus nourri grâce aux percussions tribales, des séquences plus effacées mais efficaces et des harmonies plus fluides. "Cup 2" présente une oblongue intro atonale où les sombres couches de synthé, qui voyagent en grappes ou en solitaire, s’entremêlent dans une immense immersion morphique emplie caustiques érosions réverbérantes. Contre toute attente, un mouvement séquentiel frénétique roulant comme un train fantôme perce cette dense membrane sclérosée de pulsations houleuses. Des séquences aux sonorités hybrides frappent un mur de réverbérations, faisant surgir des chœurs sombres qui gémissent sous les frappes arythmiques d’un mouvement séquentiel égaré et cherchant une direction dans cette immensité tétanisée. Et "Cup 3" devient la solution avec ses séquences désordonnées qui gambadent doucement sur un mouvement chaotique, aussi complexe qu’enchanteur, entouré de longs solos ciselés flottant dans une brume électronique emplie de chœurs errants. Poétique et juste assez animé, "Cup 3" nous transporte aux frontières paradisiaques avec ce tempo légèrement saccadé qui croise une panoplie de rythmes discrets, sous de suaves ondes Martenot ou Theremin, ajoutant une étrange approche spectrale parmi des solos fantomatiques qui errent au dessus des séquences disloquées. Ce rythme vivant s’assombrit peu à peu, autour des lourdes ondes torsadées dont les vocalises morphiques fusionnent avec de sinueuses réverbérations, nous amenant ainsi à "Cup 4" et ses notes de piano mélancoliques qui s’effacent parmi de lourdes réverbérations pulsatiles. Malgré ses ondes torsadées qui fourmillent sans cesse, il y a quelque chose de beau qui réside dans l’isolement de "Cup 4" où les notes de pianos résonnent avec force, parmi de plus fluettes, façonnant une mélodie pour âmes abandonnées dans les territoires perdus.
C’est une étrange douceur qui trouve réconfort auprès d’un hésitant mouvement séquentiel qui fait un peu fuir les résonnances caustiques, bâtissant peu à peu la structure rythmique de "Cup 5", qui éclot d’une fusion syncrétique pour pulser lourdement sous un ciel emplit de striations métalliques. "Cup 5" assoit sa structure rythmique sur une puissante séquence dont les lourdes frappes minimalistes étendent un long cercle pulsatif qui tournoie avec une délicieuse ambiguïté, un peu comme éméché par sa constante course rotative, sous un ciel dardé de langoureuses couches de synthés qui abandonne les solos au profit d’une intense et dense enveloppe mellotronnée, échappant ici et là quelques cris de métal tordu. Après ce maelström rythmique sans compromis, le court "Cup 6" nous entraîne dans un univers empreint de morosité et d’étrangeté où rugissent les vents de la colère et de la retenue fantomatique. Aussi bref qu’intense, "Cup 6" est un court voyage au cœur de la folie méditative. Étrange qu’un titre aussi lugubre précède le joyau de Filter-Kaffee 101 avec un splendide piano qui défile une très belle ritournelle dans une lourde brume électronique. Une splendide ribambelle minimaliste, "Cup 7" tournoie délicatement de ses accords dérangés quelque peu par les intercales d’un synthé qui jette ses nappes éparses parmi des chœurs sombres et gothiques qui resplendissent de beauté et de morosité, c’est selon, tout au long de Filter-Kaffee 101 qui conclût avec l’énigmatique "Cup 8" où des accords pulsent et pianotent un mouvement abstrait à l’intérieur d’un cercle imparfait, dessiné par une sinueuse onde aux contours érodés et aux lamentations spectrales. Un titre étrange et très expérimental qui sort un peu du cadre du Berlin School pour embrasser le style Krautrock avec une conclusion plus près des étoiles que les 7 autres tasses de café sirotées tout au long de Filter-Kaffee 101.
Mario Schönwälder a encore plusieurs cordes à son arc et chaque nouveau projet le démontre clairement; l’homme a encore la passion de sa musique. Quoique différent, Filter-Kaffee 101 se boit avec une bonne dose de curiosité pour le goût de l’aventure que procure la découverte de ce liquide aux arômes forts diversifiés, et c’est la façon d’approcher Filter-Kaffee 101. Si Schönwälder et Rothe nous servent de belles tasses avec "Cup 1", et des superbes en "Cup 3", "Cup 5" et "Cup 7", les autres tasses demandent une plus grande écoute mais elles ont de très beaux arômes que le temps déflorera avec toute la beauté qui leurs revient, mais je dois avouer que "Cup 8" peut devenir tiède avant d’en saisir toute sa texture. Bref, Mario Schönwälder ne mettrait pas son nom sur n’importe quel produit, et c’est ce qu’il faut retenir. Filter-Kaffee 101 est un bel album où les fans de Mario seront comblé et ceux qui cherchent à pénétrer son univers y trouveront certes 5 à 7 très belles portes d’entrée. À recommander pour les fans de Schönwälder, ainsi que pour ceux qui aiment les textures abstraites et progressives ainsi que le Krautrock.

note       Publiée le samedi 3 septembre 2011

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