Skinny Puppy › Inquisition

Attention, on entre ici dans le grand Skinny Puppy, celui de Last Rights et de son incomparable mystère, profondément poétique et cauchemardesque, d'une vitalité faite de torsions et d'agonies qui se réinventent en plantes mutantes sans passer par la case gimmick. Cette splendeur qui transmute le fond et la forme en une substance indécise, holistique et totale se ressent par tous les pores de ces quelques titres – Glissez-vous donc dans 'Lahuman8' pour vous en convaincre : on n'a pas fait plus beau et terrifiant depuis Sigillum S. Que dire, alors, de la traditionnelle mais magnifique version longue du single, ici donc Inquisition, synth-pop démentielle dans la lignée des 'Worlock' et 'Testure', aussi défoncée à la nausée qu'en émotions profondes et pénétrantes, jusqu'à l'arrivée de cette guitare acoustique, peut-être lointain ancêtre de la noblesse de Phallus Dei sur Pornocrates. Ces égarements nocturnes se terminent sur une relecture dub et abondamment glauque de 'Mirror Saw' aux tremolos interminables. Ici à nouveau Skinny Puppy n'est plus que le spectateur de sa propre chair déformée, à des lieues de toute considération de genres ou de codes. Il n'est plus qu'une fabrique à rêves, si psychotropiques soient-ils, dont les couleurs vous sont données sur les pochettes.