Skinny Puppy › Censor (Dogshit)

Toujours aussi taquin, Skinny Puppy nous pond en 1988 un titre qui s'appelle tout de même "merde de chien". Qui va s'étonner que le label eut alors à en changer le nom dans le maigre espoir d'une diffusion, même mineure, sur les ondes radio ? Devenu 'Censor' en dehors de l'album concerné (VIVIsectVI), Dogshit s'offre à son tour le format single, en version longue comme le groupe sait si bien le faire, avec des montées et des descentes interminables de rythmes et de mutations cybernétiques et vocales ("stupid thaw cuts the jaw hell piss fuck head rest pure acid hell") qui pourtant, ce me semble, peinent à égaler l'ample noirceur d'autres de leurs titres, ni le cauchemar intégral qu'est l'expérience dudit album en entier. C'est du Skinny Puppy dans sa forme, dans sa figure et ses odeurs, mais il faut attendre les titres supplémentaires pour se prendre une mandale plus direct et brutale ('Punk in Park Zoo's' = premier album de Wumpscut) ou psychédélique-abstraite sur 'Yes he Ran'. Puis vient le 'Dogshit' (pardon, le 'Censor') dans sa version amenuisée - celle, donc, que Nettwerk espérait diffuser à la radio pour promouvoir cette sympathique formation canadienne. Si efficace que soit ce titre cyberpynk déjanté, il faut admettre que vingt-trois ans plus tard, le single en tant qu'objet n'a plus grand intérêt sachant que ses titres sont disponibles soit sur les rééditions de VIVIsectVI soit éparpillées sur les compilations de B-sides.