N-DO › Drama

A priori, l'idée semblait plutôt séduisante...Nuit d'Octobre et Laugh ayant splitté, un rapprochement entre leurs musiciens pouvait déboucher sur quelque chose. A dire vrai, ces deux formations ayant constitué une part importante du patchwork de notre région au cours de mes jeunes années, une certaine appréhension m'a également saisi. Comme partout et particulièrement dans les petites villes de province, Neuchâtel et sa région n'ont pas échappé à la mort des années new wave, ses adeptes ayant préféré les spots de la scène techno, les chemises à carreaux grunge ou simplement une vie rangée avec des gosses ; les quelques abrutis de mon genre fidèles encore et toujours au noir uniforme gothique et la musique qu'il symbolise sont devenus presque aussi rares que les sourires sur le visage de Derrick. A priori, ouf, N-Do n'ont pas totalement renié la cold wave de leurs jeunes années même si la production témoigne également d'une évolution en accord avec son temps. Grosso modo, on a surtout l'impression d'écouter du Nuit D'Octobre un poil plus soft avec en supplément les vocaux de Valérie. J'ai eu le même rejet à la première écoute : trop mièvre, textes trop poétiques pour être honnêtes, le chant de Pascal pas assez sombre...Avec tout de même une pointe de tristesse suffisamment aiguisée pour planter son dard et donner envie de redonner une chance. Surtout que les mélodies ne sont pas mal fichues, les arrangements plutôt soignés et le chant féminin apporte un net plus. Valérie a pas mal progressé depuis l'époque Laugh, sa voix se faisant plus délicate et sensuelle comme en témoigne une chanson telle que 'So many' qu'elle porte entièrement, à tel point qu'on en viendrait à se demander pourquoi elle ne chante pas sur tout l'album (rien à faire, j'ai du mal avec le timbre de Pascal). Pareil sur 'Behind a smile', les quatre dernières compositions étant d'ailleurs les meilleures, les plus denses. Au final, ce disque n'est pas si désagréable, même si sa production un peu lisse, une certaine retenue dans la manière de poser les vocaux le fait sonner un peu artificiel (les paroles en français n'aidant pas, n'est pas Noir Désir ou Lucie Cries qui veut) et que certaines touches électroniques typiques du début des années 2000 (fort discrètes heureusement) sonnent déjà vieillies (mais cette remarque pourrait s'éteindre à bien d'autres combos). Sa nostalgie cold wave, son accroche pop, une ambiance automnale parfois bien sentie et sa vocation de toile de fond sonore pour 'Sambre' m'ont empêché de le revendre à chaque fois que j'y ai songé.