Subheim › Approach

La pochette laisse présager d'un disque à la peur implicite ; il n'en est rien. Subheim fait partie d'une nouvelle vague de compositeur de musique électronique qui me parle beaucoup, car onirique et encore assez loin des gimmicks dubstep déferlants sur une certaine frange de producteurs - torrent vomitif touchant jusqu'aux dernières productions de Britney et Gaga. Ici nous sommes sur les terres de Access to Arasaka, Hecq, Ginormous : celles, hybrides, entre electronica et ambient, parfois volontairement simplistes, parfois laborieuses, mais jamais chiches en émotions et souvent réhaussées d'instrumentations (électro-?)acoustiques. C'est la descendance directe de l'ambient de salon portée par Warp en leur temps, gagnant au passage toutes les nouvelles possibilités des outils informatiques modernes. Approach, bien au chaud dans ce terrau fertile, fait pousser des petits joyaux sans prétention mais avec énormément de tendresse ; ainsi 'Ybe 76' et le splendide 'Away' transforment des notes de piano en gouttelettes frappant la surface de l'eau matéralisée par les basses et les longues réverbérations de séquences qui ne seront pas étrangères aux amateurs des grands moments de l'ambient downtempo. Ainsi mon titre préféré, 'One step before the exit', sorte de mélange entre Insen d'Alva Noto et Amber d'Autechre, nous emporte par de très subtiles touches empruntées à la trance dans ce territoire vierge, mi-mental mi-cosmique, que beaucoup de compositeur rêvent d'approcher. Les ondulations aquatiques sont imagées par d'amples boucles de basses, comme sur 'Hush'. Par endroits, et il est bon de le retenir pour la suite, des voix soulignent les courbes de l'eau – sur 'Howl', proche d'Aes Dana dans l'esprit ou le plus sombre 'Hollow'. L'autre élément à retenir est celui de l'approche néoclassique de 'Stranded' et 'Voces Perdidas' car il constituera la base principale de l'album suivant. S'ensuit un remix... dubstep, dans sa forme la plus superficielle (poum-clac, poum-poum-clac) suivi d'un second remix redondant car brodant simplement sur la rythmique du titre original. Cela n'en fait pas moins un beau disque d'ambient moderne, versant plus dans la mélodie que dans la complexité, et exposant sa fragilité sans crainte.