Sturmast › Ibis redibis nunquam in Bello peribis

Et si nous imaginions Beethoven comme l'un de nos contemporains ? Quel rapport entretiendrait-il avec l'informatique dans son travail ? Tout de même, c'est fascinant d'imaginer qu'à notre époque on puisse reproduire un orchestre symphonique complet avec des logiciels adaptés...D'ailleurs, bien des musiciens de la scène indus martiale ne s'en privent pas, qui composent des boucles à tire-larigot, les croisant de samples propagandistes pour faire bonne figure, le résultat étant la moitié du temps lisse, dépourvu d'émotion et de force, car après tout, si les dieux nous ont donné le secret de fabrication des instruments, ce n'est pas sans raison. Les Hongrois de Sturmast utilisent des claviers, de la programmation mais ils ont souhaité aller au delà en incorporant de véritables musiciens (percussionnistes, violoniste, guitariste...) et cela s'entend, non pas en terme d'originalité mais de fougue. Sturmast est l'archétype du groupe qui cartonne, l'accroche est simple, puissante, martiale, malsaine; nulle recherche de la complexité technique mais des percussions entraînantes, des arrangements dépouillés, des mélodies faciles à retenir et un chant partisan glaçant, un peu à la manière de Laibach à leurs débuts. Le groupe travaille également ses atmosphères avec des passages ambient obscurs comme sur l'intro de 'Big play', d'autres plus axés sur les rythmes martiaux ('Solum Ipsum') sans oublier des touches indus folk. L'auditeur glisse ainsi d'une marche de guerre ('Veni vidi vici') à une parade de cirque ('For everyone circus and bread !') avant de s'égarer dans une forêt peuplée d'ombres angoissantes...Une bonne surprise donc, pas foncièrement novatrice quant au sujet mais sachant dégager une réelle émotion, un climat personnel. Si certains reprocheront peut-être le manque de complexité musicale, je trouve pour ma part cet aspect un peu brut plus proche de l'esprit martial que les boucles lisses et sans âme qui nous sont de plus en plus souvent proposées.