Il y en a qui semblent croire dur comme fer à la propagande marketing de Justice, selon laquelle leur groupe aurait réinjecté le rock’n’roll dans l’électro, perdu depuis Homework de Daft Punk. Alors déjà, Daft Punk n’a jamais eu de rock que le décorum, c’est un groupe de disco, tout comme les seuls bons groupes issus de cette mouvance Ed Banger/Auteuil/Neuilly/Passy (Breakbot, ça tue debout) et ensuite, si l’on veut un peu de sueur et de fougue dans l’électronique, c’est du côté de PVT qu’il faut regarder. Il suffit d’écouter un titre comme Light Up Bright Fires pour être emporté dès les premières secondes par un son énorme et sans pitié. Pivot a muté en sorte de Tear For Fears période Shout avec un son ultramoderne, voire futuriste, et le moins que l’on puisse dire, c’est que la mutation a été fulgurante. Ce qui était il y a peu un groupe instrumental comme il en existe bien trop nous sort ici un album truffé d’envolées vocales que plus personne n’ose aujourd’hui, si ce n’est certains groupes de variéto-rock comme les Killers. Mais ici, toute sonorité "commerciale" (les frères Pike n’ont pas que les mèches de Tear for Fears, ils en ont aussi l’emphase) est contrebalancée par une batterie au son live, probablement surgonflée, qui tabasse sans interruption sur tout l’album. Jouissif comme la rencontre de In The Air Tonight de Phil Collins et de Nine Inch Nails. Light up bright fires se veut donc une cérémonie cyber-païenne, on en retiendra surtout la mélodie instantanément mémorisable et la rythmique brutale, presque indus, qui dégage une énergie tétanisante. Diantre, se peut-il que Pike chante aussi bien sur tout le disque ? Sa diction robotique tremblante et parano comme du Gary Numan sur la chanson titre confirme sa détermination. Une voix grave et ample qui pousse à se demander comment PVT a-t-il pu être un groupe instrumental. Le coté religieux, totalement nouveau dans leur musique qui se plaisait jusqu’ici dans une sorte de mélancolie urbaine, nocturne et sous stéroïdes, se retrouve en avant sur des titres comme The Quick Mile, et son envolée cosmique, Crimson Swan, qu’on a comparé à Boards of Canada, ce que pas mal de petits sons entendus par ci par là tout au long du disque confirment. L’écho massif apporté par cette production faramineuse (comme souvent avec Warp) n’y est pas étranger… Waves & Radiations, seul vrai moment de recueillement, a d’ailleurs à nouveau bénéficié du son du synthé Yamaha CS80 de Vangelis - celui qui servi pour Blade Runner, rien que ça – le groupe ayant pu y accéder à Londres. Une fin d’album qui comblera les fans de l’album précédent, avec ces synthés cristallins. Quelque chose me dit que beaucoup de monde pourrait se retrouver autour de ce disque… Les suiveurs de Warp, les fans de prog, de berlin school, les hipsters 80’s… C’est tout ce que l’on peu souhaiter à un groupe qui a osé le virage à 180 degrés.