Les groupes du label Factory et tout particulièrement Joy Division n'en finissent plus d'inspirer les vocations, ce n'est pas un scoop, les noms de Interpol, Editors, She wants revenge venant immanquablement aux lèvres si l'on évoque les plus connus mais ils sont une pléthore à s'être nourris de ce rock froid et torturé qui trente ans après parle encore au coeur et à l'âme. C'est dire si Project: Komakino débarquent en terrain balisé sauf que eux annoncent très clairement la couleur (noire forcément) de par leur nom se référant à un titre de Joy Division mais également par leur musique. Pas question de tentations héroïques comme chez Editors, de sympathie pour les Chameleons ou les Smiths comme avec Interpol, l'esthétique se veut calquée sur le dépouillement sombre et glacé des maîtres, de la bande à Ian Curtis à Section 25 en passant par Crispy Ambulance. Un peu trop peut-être. On frise l'essai trop scolaire pour émouvoir et pourtant...Au fur et à mesure des écoutes, le combo dévoile ses qualités. La profondeur du chant tout d'abord qui flirte presque avec le gothic rock dans ses intonations, l'énergie d'une rythmique minimale rapide ensuite, presque robotique, et des guitares sur le fil du rasoir, elles aussi pas toujours si éloignées de celles qu'on trouvait chez les Sisters of Mercy en début de carrière et dont les accords plaintifs remuent. Certes, on ne peut s'empêcher de songer au premier album des Editors quant à la manière de composer mais comme précisé auparavant, le feeling est ici plus sec, menaçant, bien que, inutile de le cacher, les chansons de Project: Komakino manquent encore du relief qui ferait la différence. L'efficacité des ambiances n'est pas à questionner mais face à la concurrence, le groupe a encore à travailler ses mélodies pour les rendre plus fortes, plus prenantes, les habiter réellement. A signaler que l'album se conclut par quatre remixes, à priori pas forcément indispensables, encore que...Celui de Tom Furse (The Horrors) confère à 'Syndrome' un spleen bien proche du Joy Division de 'Closer'; celui de Micron Sixty Three propose une déclinaison proche de l'originale tout en l'en éloignant; pas mal du tout. Les deux autres dégagent quelque chose d'EBM old school; pas désagréable mais inutile sur ce disque. Reste un essai très honorable, pas suffisant pour jouer déjà dans la cour des grands, mais valant largement l'achat ou du moins l'écoute.