Men As Trees Walking › 1518

Après le gothic rock/batcave (Spy Glass Blue), le punk (Scaterd Few), vers quel style allait pouvoir se tourner un Allan Aguirre vieillissant malgré tout ? Quelque chose de très ethnique et 'roots' à en juger par son nouveau projet, Men As Trees Walking, dans lequel il joue notamment en compagnie de ses deux filles et de son fils, ainsi que des membres de la belle-famille. Le groupe se définit comme un 'ministère prophétique musical de louanges de Lévites et de Psalmistes désireux de capturer le son des cieux pour l'amener sur terre'...Pour tenter de clarifier ce qui sonne légèrement comme un charabia d'illuminés, Men As Trees Walking a pour but de développer une musique propice à la réflexion et la méditation sur la foi et, bigre, si j'avoue avoir été réticent au départ, force est d'admettre que ce disque est très beau, apaisé, spirituel. 'There's a sound' débute avec une voix féminine (rappelant Sinead O'Conor) psalmodiant, comme perdue le long d'horizons lointains avec quelques percussions tribales rythmant le titre comme un pouls. La suite pourrait se décrire comme une sorte de gospel folk blanc mêlé d'influences ethniques (les percussions principalement), reggae, sans oublier une pincée de David Bowie, notamment dans le chant de Allan Aguirre qui, quoi qu'il fasse, laisse toujours affleurer sa fascination pour le génial Anglais. Les pièces les plus mystiques laissent également entrevoir une certaine proximité de démarche avec certains essais de Woven Hand, en moins écorché. Les musiciens ne se fixent aucune barrière, s'inspirant des terres orientales ('Baruch Atha', 'Adonai is he'), empruntant à la bossa nova ('Seal upon my heart'), au reggae ('Lion's roar', 'Songs of Moses'), sans négliger le folk rock occidental, mêlant guitares sèches et électriques, violon, djembé, batterie, clochettes, claviers...Si Allan Aguirre assure la majorité des vocaux, de sa belle voix 'Bowiesque' (sans laquelle, le charme n'opérerait pas de la même manière, confessons-le), il cède parfois le micro à ses filles qui s'en sortent plutôt bien. Je me passerais volontiers des tentations reggae et de certains passages un brin légers, pour ne pas dire easy listening ('Seal upon my heart') mais les compositions les plus mystiques, notamment celles marqués par les percussions et les influences orientales dégagent quelque chose de prenant, de même qu'une pièce dépouillée et intime telle que 'Prayer of Cherith'. Je ne le cacherai pas, c'est en fan des anciens projets de Allan Aguirre que je me suis procuré ce disque mais au final, si je n'apprécie pas tout, voilà un album parfaitement adapté à certains moments, généralement le soir ou la nuit, pour son pouvoir apaisant et profond, que l'on ait ou non une foi quelconque. D'ailleurs, initiative louable, le groupe laisse l'acheteur décider du prix à payer, seuls les frais de port et les taxes étant obligatoires, le reste étant confié à son appréciation...