Lorsqu'il s'agit de trouver une logique à la carrière d'un artiste, le terme "album de la maturité" revient fréquemment. Assurément, "The Destroyer" est, pour Alec Empire, celui de l'immaturité. Il a pourtant derrière lui les albums Mille Plateaux tels que 'Generation Star Wars' ou 'Hypermodern Jazz' mais voilà : Alec Empire a la rage, est trop un punk, et il a trouvé des amen breaks ! DES AMEN BREAKS !! PARTOUT !! Et quand tout se ressemble... ON AUGMENTE LE BPM !! AMEN BREAKS !!1!1!!ONEONE (Pour les ignorants : l'amen break est un solo de batterie de cinq ou six secondes tiré d'un disque de funk de la fin des sixties, et qui a été massivement réutilisé par le hip-hop puis prodigieusement exploité par la jungle et la drum'n'bass) Bref, c'est marrant cinq minutes, tout comme chaque début de morceau est défendable ; force est d'admettre qu'il nous évite la redite du hardcore d'ATR (à part peut-être sur 'Care what happens'). Le tempo est élevé et les basses analogiques grondent bien – ce qui m'embête, outre l'ennui perpétré par l'abrutissante quantité de fois qu'on se paie le break et le discours type "la marquise vous dit merde", c'est le manque de finesse lorsqu'il veut se payer le luxe de faire du breakcore comme sur 'The Peak'. Incapable de construire, il nous sert juste un cut tous les quatre temps entre deux samples. Seul 'Heartbeat' avec son rythme Ant-Zen sort vaguement l'ensemble de la torpeur jungle-de-croisière dans lequel s'embourbe aussi Bong-Ra depuis lors. Certes, le disque a dû faire son effet en 1996, certes, c'est de la musique énergique live, taillée pour la bastonnade où la subtilité se noie dans l'ardeur et la fureur ; mais mon lecteur de disque est dans mon salon, pas au CBGB's.