Charger ses morceaux fraîchement enregistrés sur Internet pour les faire découvrir, c'est super; les vrais disquaires se faisant rares, s'engouffrer dans une échoppe et se payer une bonne tranche de découverte puis de délestage de porte-monnaie devient un luxe si on n'habite pas une grande ville. Le partage sur la toile se profile donc comme un début d'alternative. Le danger est que certains musiciens portés par l'excitation du moment chargent des titres ou des versions qu'avec un brin de recul, ils jugent avec horreur. Tenez, les Italiens de Mescaline Babies, leur Ep en écoute sur le net label Zorch Factor était sympa mais il n'y a aucune commune mesure avec ce premier véritable cd (certes auto-produit) sur lequel le groupe se donne les moyens de ses ambitions, et elles ne sont pas des moindres: se mesurer aux formations deathrock américaines. J'annonce ça comme un défi mais les Italiens ont depuis longtemps prouvé avec Chants of Maldoror, Human Disease, Le Vene di Lucrezia, Bohémien et autres qu'ils n'avaient de leçon à prendre de personne et ce ne sont pas les Mescaline babies qui vont modifier la donne. Ils nous livrent en effet un deathrock de qualité finement travaillé et piqué de décadence batcave (l'excellent 'Winter and spring' construit comme une sorte de valse), sans renier des restes d'une rage purement punk ('Muffled truths'); avec 'The emperor's death', le combo se permet même de narguer le London after Midnight de la belle époque. Les mélodies sont excellentes, les guitares bien senties mais le chant participe beaucoup à cette aisance quant aux variations d'atmosphères, Sydney Mars se débrouille très bien usant d'un ton presque désinvolte sur le final de 'Winter and spring', hurlant en ouverture de 'Muffled truths' ou donnant simplement libre court à son timbre profond légèrement batcave. Je ne peux que souhaiter plein succès au groupe et souhaiter qu'ils percent car ils ne manquent pas de talent.