Nicholas Szczepanik › The chiasmus

Alors qu’il est assit sur le sable frais de l’aube, emmitouflé jusqu’au menton dans son manteau et col roulé, serrant ses genoux contre lui pour se protéger du vent et garder sa chaleur, cachant ses mains à l’intérieur de ses manches, Nicholas contemple le flux et le reflux des vagues naitre et mourir à ses pieds. A cet instant très précis, le soleil encore rouge se reflète sur la mer et Nicholas plisse les yeux car il est aveuglé. Il pense à son père qui est mort l’été dernier, à son ex qui l’a quitté peu après. Il égrène les secondes mortes dans le faux silence de la plage. Il en a marre de vivre dans le passé. Il hésite à se déshabiller et à plonger nu dans l’eau, et nager, encore, nager, encore, et aller si loin qu’il ne pourrait plus revenir. Il regarde alors les vagues, sort un calepin, et note. Des équations de Korteweg et de Vries, observe l’intensité lumineuse du soleil sur les vagues qui croit ou décroit en fonction d’un point repère qu’il a décidé être ce petit morceau de rocher dépassant légèrement des eaux tel l’au revoir d’un naufragé. Il essaye de calculer l’indice de réfraction, et après quelques croquis, cadre les filaments de l’onde dit évanescente. Les filaments s’étreignent, et donnent naissance à un troisième, le soliton, dont le seul tore sera de représenter une particule. Il se mord la lèvre inférieure, pense aux équations de Mawell, au démon, à l’équation de Schrödinger. Si la détermination de chacun des états propres de l'hamiltonien fournit l'état stationnaire correspondant, alors il était possible, probable, qu’elle ne l’ait jamais quitté, qu’il n’était pas vraiment mort. Il prit son téléphone cellulaire, commença à composer un numéro, et se ravisa. Tout ça n’avait pas vraiment d’importance.