‘I’m an alien from outa space’. Ce sont les premiers mots chantés par ce bel androïde tout neuf, encore en construction sur ce premier EP inexplicablement passé inaperçu sous nos latitudes. Il y a de quoi halluciner, car les trois chansons présentées ici sont de la trempe des grands tubes de la pop music. L’entrée en matière déstabilise : Janelle y prend une voix de speakerine de jeu vidéo annonçant une chasse à l’homme (à la femme en l’occurrence) et posant plutôt les bases d’un film de science-fiction genre A.I. ou Blade Runner version Funkadelic que d’un album de musique. Pourtant, ce sont bien deux énormes tueries au beat purement rock (pensez My Sharona des Knack, Beat It de qui-vous-savez) qui déboulent à toute vitesse, des ‘Hey Ya’ puissance 1000 dotés d’une production énorme, avec, déjà, des transitions fantastiques entre les morceaux et dignes d’une comédie musicale. ‘Cybertronic Purgatory’ est une sorte d’aria cosmique délivrée par une diva à la voix de cristal sur fond d’arpèges imaginaires… Un instantané de beauté pure posé là comme un aperçu des ambitions stratosphériques de la demoiselle (22 piges au compteur quand sort ce EP). Janelle rejette clairement, et d’emblée (on passera sous silence The Audition, album de jeunesse autoproduit pourtant très sympathique et annonçant le concept ‘Metropolis’), les diktats de la black music actuelle. Son univers, qui n’appartient qu’à elle, est à la fois futuriste et emprunt de chœurs soul à l’ancienne, d’allusions aux comédies musicales et au cinéma des années 50. Un peu de hip-hop psychédélique, pas de RnB et beaucoup de Soul à l’ancienne donc , mais rien de passéiste là-dedans. Si l’univers évoqué s’appelle Metropolis, il s’agit bien d’afrofuturisme, avec ses multiples références aux droits civiques au sens large (noirs, femmes… et gays), comme dans l’incroyable rap de Many Moons, résumé fugace du parcours de la miss et point d’orgue de ce chef d’œuvre absolu de 5 minutes qui allie groove, avalanche de mélodies tuantes et profondeur comme jamais on ne l’a entendu depuis Prince ou Michael Jackson. C’est de ce niveau, et ce n’est pas faute d’avoir essayé d’y trouver des défauts. Janelle Monae a repris le flambeau tendu par Andre 3000 dans The Love Below, 4 ans après. Pour le côté Michael Jackson, il suffit de regarder l’hénaurme clip ou d’écouter sa reprise de Smile, que MJ avait déjà interprété sur History. Reste ‘Sincerely, Jane’, aux paroles qui semblent une parodie de discours moralisateur, mais à priori à prendre au premier degré, chose qu’on pardonnera aisément vu les arrangements jazzy hollywoodiens à couper le souffle – et le sample de Ini Kamoze ! A star is born comme on dit, c’est un 6/6 sans ambages pour ce premier volet de la tétralogie Metropolis. Kanye West, Justin Timberlake, Beyoncé ? Totalement dépendants du système des producteurs RnB, et donc interchangeables : Give me Monàe (that’s what I want)