'Les années berlinoises de David Bowie et Iggy Pop mélangées avec une pincée du glam de Marc Bolan, le son désespéré de Joy Division et des débuts des Cure, les mélodies de Martin L. Gore et la puissance des Chameleons', ainsi se décrivent les Anglais de Luxury Stranger sur leur site. On pourrait aussi parler de Cure sous amphétamine ou de 'Pornography' joué par Interpol mais je préfère cesser-là les allusions à Robert Smith et compagnie car s'ils sont clairement l'influence principale ('Dirt' a des airs de 'Short term effect', 'Inner eye' doit beaucoup à 'Holy hour, pareil pour 'Dreaming our lives away' qui emprunte à 'Cold' pour la rythmique) encore que les Chameleons ne soient pas loin sur les rangs notamment avec 'Marlene' ou 'Grounded', le trio fait si bien son boulot qu'on se soucie vite davantage de s'éclater à l'écoute de leur disque plutôt que de disserter sur le fait qu'ils débarquent en plein revival post-punk ou je ne sais quoi d'autre. Il y a d'abord le chant, version plus rauque de celui de Robert Smith, suffisamment typé pour assurer une identité au groupe, une rythmique solide avec notamment un jeu de batterie alternant entre roulements tribaux et attaques plus puissantes ('Grounded'), un savant dosage d'énergie et de tristesse et surtout des mélodies prenantes. Voilà un groupe qui s'est forgé ses armes sur scène, d'où probablement cette approche directe et cette efficacité dans la composition. On pourrait souhaiter que Luxury Stranger s'écarte davantage de ses influences à l'avenir, histoire de gagner ses propres galons; toujours est-il qu'ils s'en servent plutôt bien et ça, ça ne fait jamais de mal.