L'avantage pour un vampire, c'est qu'il n'a pas trop à se casser la tête quant au menu qu'il va servir à ses invités...A moins qu'il n'y ait divers moyens d'apprêter l'hémoglobine ? Pourquoi pas après tout...Sang caramélisé aux oignons sur son lit de tripes aux asperges, boudin exotique à la sauce des Îles, cocktail gaspacho aux trois sanguinolentes, soufflé Montrouge, ça le fait très hype, non ? Ce n'est pourtant pas de cuisine dont il est question ici mais de vampirisme; Hollenfurt est un duo français pratiquant une dark wave nocturne, planante, dépouillée dans ses orchestrations mais plutôt hypnotique dans le rendu. Le chant féminin, ni vraiment inquiétant, ni heavenly, serpente de vicieuse façon entre les deux, empêchant l'auditeur de se laisser à une confiance totale. Les compositions s'enchaînent comme une promenade hésitante durant laquelle le pied trébuche sur des racines, les branches écorchent les joues, sans que la panique ne parvienne à s'imposer totalement. Serait-ce la séduction quasi érotique du vampire version féminine ? Combinaison adroite de nappes obscures, de petites mélodies glacées discrètes et d'une percussion sèche, avec parfois quelques accords grinçants de guitare, la musique se révèle curieusement efficace, parfait écran pour que le chant puisse y poser ses notes. Dubitatif de prime abord, je me suis laissé gagner par l'aspect 'musique de film' des chansons, 'Blood for dinner' s'avérant une séduisante invitation carnassière malgré quelques longueurs.