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Eric Lunde › De Sade

k7 • 4 titres • 62:53 min

  • 1The 9 Days Of December And The 45 Complex Passions As Narrated By Champville
  • 2Biorhythms Of Sexual Activity
  • 3The Next 9 Days Of December And The Next 45 Passions As Narrated By Champville
  • 4Biorhythms Of Female Unaccustomed To The Text Of De Sade, Read Out Loud And Then Read In Silence

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Eric Lunde

chronique

Je suis d'ordinaire peu enclin à m'intéresser au processus d'élaboration technique d'une oeuvre, préférant plutôt comprendre tout ce qui sous-tend la volition créatrice du compositeur. Cette cassette d'Eric Lunde sera pourtant l'exception qui confirme la règle, puisque, plus que son résultat, c'est ici la praxis même qui a retenu mon attention. Violenter la violence en maltraitant l'enregistrement sur bande d'un texte de De Sade lu à haute voix, voilà la gageure de départ, qui fut durant le processus enrichie d'un second traitement : l'utilisation d'un biofeedback, appareil pouvant transcrire les mouvements du corps en fréquences. L'appareil fut utilisé à la fois par Lunde sur lui-même lors de rapports sexuels, durant lesquels la cassette était jouée en boucle, puis sur une de ses connaissances féminines, durant respectivement l'écoute du texte, la lecture du texte à voix haute, puis à voix basse. De l'avis de l'intéressé, les pièces ainsi constituées rendraient justice à l'extrême violence des écrits sadiens, par amplification des effets de ses mots sur le corps et le système nerveux. Ca, c'est la théorie, car de mon humble avis, cela n'est concrètement pas le cas. Car ce qui est en définitive donné à entendre n'est qu'un spoken word lo-fi parasité et enfoui sous une couche de bruit rose grumeleux. Les parasites y sont si peu marqués, si peu évolués, que le texte ne s'en trouve pas relevé comme il le devrait, mais au contraire aplani, rendu accessible par la faiblesse du bruit qui vient le recouvrir. Un comble quand on sait que Sade lui-même considérait l'ouïe comme le premier sens de la volupté. Les libertins des Cent Vingt Journées de Sodome ne s'employent-ils en effet pas à alterner langage obscène et langage savant pour titiller leur envies de déviances ? On le sait, convoquer le divin marquis est on ne peut plus casse-gueule, et sans doute Lunde aurait-il dû investir plus dans la qualité de son matériel (ce dernier fut acheté pour quelques dollars dans un cash converter), sinon s'investir dans une démarche moins simpliste, pour ne pas se contenter d'un résultat si faible et surtout si auto-complaisant. Rien de pire que le prétendu artiste se regardant créer, tétanisé qu'il est au fond par l'angoissante vacuité de sa masturbation intellectuelle. Or Sade est comme un concert d'Alizée : ça ne s'intellectualise pas, ça se ressent. Dans le registre du spoken word maltraité, Consumer Electronics (P. Best) a fait comparativement mieux depuis, et quant aux micro-effets corporels amplifiés en bruit, Daniel Menche restera l'un des maîtres du genre (s'écouter son «Screaming Caress» pour s'en convaincre). Bref, dirigez-vous plutôt vers eux.

note       Publiée le jeudi 4 novembre 2010

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    Eas Envoyez un message privé àEas

    VL, ou comment réussir à caser sade et alizée dans la même phrase, mouahahaha

    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
    avatar

    Scraming Caress, oh que oui