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The Legendary Pink Dots › Under Triple Moons

  • 1997 • Roir RUSCD8231 • 1 CD

cd • 19 titres • 74:43 min

  • 1As if1:49
  • 2Splash2:57
  • 3Submerged1:27
  • 4Amphitheatre3:41
  • 5Digital3:38
  • 6Dying For The Emperor6:22
  • 7Oceans of Emotion4:03
  • 8Small Anthem0:36
  • 9Intruder2:13
  • 10Premonition 27:20
  • 11Frosty4:27
  • 12One For The Pearl Moon5:48
  • 13The Whore of Babylon2:33
  • 14The War Of Silence1:39
  • 15Garlands2:48
  • 16A Lust For Powder (version apocalypse)7:11
  • 17Punishment3:47
  • 18Down For The Country5:27
  • 19Premonition 17:00

informations

Morceaux enregistrés à Londres entre 1980 et 1984. Mastering : Doug Pomeroy pour ROIR

« Note that all pieces were recorded on primitive equipment at Chez Dots when it was based in London. Do not expect digital bliss, sensurround ; however, brain damage is guaranteed. SING WHILE YOU MAY, LAZHTOVET PRIMZHKAYA… ! » 1-10 & 19 : tirés de la cassette PREMONITION (1982) 11 : tiré de la double cassette CHEMICAL PLAYSCHOOL ½ (1981) 12 & 18 tirés de la cassette KLEINE KRIEG (1981) 13-17 tirés de la cassette TRAUMSTADT 2 (1988)

chronique

  • the cheshire cat's mixtape

Elles sont bizarres, les hallus d’ici. Un peu délavées, filtrées par la Tamise. Passées, parfois, quant au fond, aux aplats sur quoi se tracent les lacis et motifs et floraisons. Et ceux-ci, par contraste, reliefs aux teintes saturées, chimiques, comme gorgées aux surligneurs - par quoi le minuscule détail prend la place obnubilante, plonge tous les alentours dans un crépuscule à demi engourdi pour que s’y exhalent mieux les auras fluorescentes : vert-lissamine (E141), Jaune-lutéine (E161bii), violet-delphinidine (E163b)… Rose-stabilo, donc, dense comme un plexiglas et translucide, transparent tout autant. Avec d’une aire à l’autre des glissements, décrochages, brisures et culbutes parfois si brusques, ailleurs tellement imperceptibles qu’elles ne laissent, les unes ou les autres, tant elles les secouent ou bien y dérapent, qu’à peine la place pour la réminiscence, l'empreinte thermique de ce qui a passé… Les Pink Dots à leurs débuts. Avant l’exil, la quête d’Amsterdam, encore sis en une Londres aux cieux en autres gris. En essais, en offrandes capturés sur des bandes rudimentaires -l’ère des cassettes, pensez-vous….- , écoulées alors pour quelques uns : amis, dévots de la première heure, allez savoir. Quelques machines officient, de peu de sous, probablement : boîtes à rythmes aux son de plastique injecté, de métal et de peaux en calculs binaires ; mélodies-MIDI, nappes de synthés aux profondeurs laiteuses, opiacées, épaisses mais insaisissables, porridge aux saveurs de labo ; effets saillants, très présents sur les voix mais réglés avec une finesse qu’on ne leur soupçonnerait pas, d’abord (comme ces autres anomalies numériques et minuscules, logées, nichées aux recoins du mix, dans les fendillements, les craquellements du son). Déjà, aussi, le timbre de Ka-Spell, si particulier, singulier, unique : voix de tête si curieusement placée qu’elle semble résonner directement à la fois à nos os temporaux et au fond de nos gorges, au creux où l’on opère les trachéotomies. Et cette diction, aussi, lasse, détachée, quasi catatonique. Et pourtant si humaine, proche, emphatique dans ce qu’elle égraine de dits insaisissables, cadavres-exquis ou fait-divers ésotériques. Mythologies étranges et composites, chamanisme déboussolé : on n’est jamais bien sûr ici que loisirs et gadgets ne soient pas les signes cachés, la marche d’une mission cosmique, d’un rituel qu’on accomplit malgré nous, sous un dessein qui nous échappe en ses fins et ses parties (Dying for the Emperor, qui parle de ‘détruire les aliens’ sur des séquences acides, sautillantes et névrotiques, très proches des merveilles en huit bits et quatre couleurs où s’abîmaient les heures désœuvrées d’alors – Space Invaders, ça vous dit quelque chose ?). Antiques légendes qui envahissent les tissus corticaux comme un accès de déjà-vu (The Whore of Babylon…). Cette mélancolie, aussi, qui n’est peut-être que la fatigue, le lourd abattement du citadin moderne, grandi toujours dans un relatif confort, harassé dès qu’il sort de signaux, d’appels, de codes électriques, suffoqué d’oxydes gazeux et enserré de bâtiments sans Grâce. Et qui se pousse à trébucher -adjuvants, jeux et perditions, affects, oublis délibérés- parce qu’il voudrait bien mesurer enfin sa hauteur. Introspections qui, écrasées sous les tristesses -à détailler certains de ces récits (Splash, Frosty…), les membres du groupes devaient déjà compter parmi leur entourage nombre de morts ou restés-perchés…- débouchent sur un instant de sérénité lumineuse, douce, liquide (singulièrement, dans ces passages anesthésiques où s’aperçoivent, déformés, embrumés d’échos, étirés, passés par de curieux iris, des éclats de scènes sans doute captées sur le vif, anodines, au gré de rues et de parcs anonymes). Et puis encore, aux crevasses et revers d’un plaisir qui se fige en routine, de soudaines poussées d’angoisse paranoïaque (A Lust for Powder, dub vidé de toute chaleur, oppressant, au final interminablement tailladé). Tout est là, donc, ou du moins beaucoup de ce qui poussera, s’affinera, proliférera bientôt au fil des disques innombrables. Psychédélisme déphasé, contemplatif mais soucieux, décanté de l’angélisme hippie - infusé de doutes et de questions et qui sait bien la fragilité de son refuge. Imagerie de fabliaux obscurs, ritournelles de comptines voilées, coq-à-l’âne qui tiennent moins, après tout, du surréalisme que d’une étrange anthropologie : parce que nos peuples sont étranges, illisibles, en leurs animations, leur repos et leurs sursauts… Tout y est, oui, mais en fragments plus dissemblables qu’à l’habitude -ou différemment-, aux césures et soudures qui semblent presque accidentelles. Le charme est disparate, plus qu’ailleurs en cette collection, là où chaque album prendra bientôt le soin d’épanouir son altération propre. Mais nulle raison, de fait, de s’en offusquer ni de s’en étonner : trois lunes, fatalement, projettent d'autres ombres (et sûrement plus fuyantes aux courses des orbites).

note       Publiée le dimanche 10 octobre 2010

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    tiens, faudrait que je le ressorte celui-ci, c'est le seul que j'ai