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Nicola Piovani › Musiche per i film di Nanni Moretti

  • 1999 • Virgin 7243 8 47831 2 9 • 1 CD

cd • 12 titres

  • 1Caro diario
  • 2Bambini al telefono
  • 3Medici
  • 4Isole
  • 5Il campo di pallone
  • 6Palombella rossa
  • 7Le mamme ci asciugavano i capelli
  • 8La memoria in acqua
  • 9Il sol dell'avvenir
  • 10La messa è finita
  • 11Il valzer della cioccolata
  • 12Il pesciolino e L'insonnia

informations

1985 (La Messa è Finita), 1989 (Palombella Rossa) et 1994 (Caro Diario).

chronique

Nous ne chroniquons pas de films sur Guts Of Darkness. Mais certains utilisent parfois un habile subterfuge pour parler cinéma : la musique de film. Nicola Piovani est un compositeur très mineur, mais il faut lui reconnaître une chose : il n'a jamais tenté, contrairement aux favoris de Hollywood que furent John Williams, James Horner, Alan Silvestri et bien d'autres, de singer les romantiques allemands à grands renforts de boursouflures orchestrales et de chantage à l'émotion, dans une partition qui "doublerait" le message du film (attention, là, ça fait peur, là, c'est triste, là, c'est drôle...) Cependant, il faut ajouter autre chose : la musique est aussi appelée par le type de cinéma et le réalisateur lui-même. Si James Horner convenait après tout très bien au "Titanic" de James Cameron (ainsi que Céline Dion), on le verrait mal s'acoquiner avec Nanni Moretti. Disons à peu près autant que John Williams aurait pu le faire avec John Cassavetes, par exemple. Nicola Piovani a ainsi travaillé, essentiellement en Italie, avec, outre Moretti (dont il signera aussi la musique originale du film "La chambre du fils"), Marco Bellochio (dont il fut le compositeur fétiche), Federico Fellini (dernière période), Roberto Benigni, Giuseppe Tornatore, et bien d'autres. On sent bien sûr dans sa musique l'influence écrasante de Nino Rota, pour l'infinie nostalgie qui se dégage de ses thèmes, ainsi que pour le caractère mélodique souvent inspiré de l'héritage traditionnel italien. Mais Piovani, dans ces compositions pour "Caro Diario" (Journal intime), "Palombella Rossa" et "La messa è finita", utilise rarement le grand orchestre autrement que "tapi", préférant des effectifs plus modestes, piano, accordéon, percussions, guitare acoustique. On n'est pas forcément loin de la variété italienne (quelle horreur !) mais on l'effleure sans jamais la toucher. Pourquoi ? Il y a d'abord le caractère pittoresque d'une musique faite de petites ritournelles obsédantes voire dérangeantes quoique légères. Mais il y a aussi et surtout (et là, je vais sans doute utiliser des expressions que j'ai déjà écrites dans une bonne centaine de chroniques, mais tant pis) une mélancolie poignante, une immense nostalgie, une beauté simple et émouvante qui nous enserrent le coeur à l'écoute de ces courtes vignettes. Souvenez-vous du magnifique "Journal intime", par exemple, ce film-monde, en apparence si décousu, où l'on suit le cheminement d'un artiste désabusé, souvent critique voire cynique, mais qui jette encore sur son entourage un regard amusé, mordant. Le genre de film qui vous rend heureux lorsque tout va mal. Au moment où Moretti se rend sur la tombe de Pasolini, on entend des extraits du Köln Concert de Keith Jarrett. Mff, bouais... Mais juste après, lorsque le réalisateur s'apprête à prendre le bateau pour s'en aller (encore le thème du départ...) quelques autres notes au piano, accompagnées d'arpèges à la guitare, vous fusillent sur place. Comment, me suis-je dit à la première vision du film, Keith Jarrett aurait-il composé un truc aussi beau, et surtout aussi simple ??? Mais non, il s'agissait de la musique originale de Nicola Piovani. Deux minutes. Cela ne dure que deux minutes. Mais c'est suffisant pour vous ruiner à coup sûr tout moral et toute bonne humeur. Sublime. Et cette île où les adultes tentent de communiquer par téléphone mais en sont empêchés par leurs enfants, qui répondent à leur place et exigent des imitations de cris d'animaux toujours plus nombreuses. La musique, un crescendo d'une simplicité désarmante, nous fait également pressentir toute la magie du lieu, ce mythe d'un éternel retour à l'enfance... Une écoute distraite pourra laisser croire à une certaine mièvrerie. Toutefois, lorsque la magie opère, il ne saurait plus en être question. Et si tout est beau dans ce disque, tout est triste aussi. Terriblement. Ainsi en va-t-il du thème des médecins (toujours extrait de "Journal intime", la troisième partie, où Moretti ne parvient pas à trouver la cause de symptômes d'une maladie de peau.) Même les mélodies vraiment légères et primesautières ("Isole", "Il campo di pallone") recèlent leur part d'ombre. Et que dire de la boîte à musique de "Palombella Rossa", à la fois douce et inquiétante ? "La messa è finita", toujours tributaire de Nino Rota en bien des points, ritournelle obscène et obsédante, de facture un tantinet plus classique, semble elle aussi nous emmener vers un pays lointain, dans un passé révolu, et jeter sur tout cela d'un voile d'amertume, déchiré par endroits. Où sont nos espoirs, nos illusions ? Emportés. Certes, ce disque est court, parfois un peu répétitif (musique de film oblige), modeste ; mais cette tristesse... Le thème principal de "Journal intime" est candidat, avec les adagios de Barber, Albinoni ou Mahler, au titre du meilleur morceau "à écouter juste avant d'ouvrir le gaz". À (re)-découvrir.

note       Publiée le mercredi 29 septembre 2010

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