Runaway Totem › Zed

Alors, je vous préviens tout de suite ; je ne serais pas complaisant le moins du monde. Runaway Totem, groupe italien contemporain est peut-être l'archétype de la meilleure passerelle qui puisse exister entre lde doom et le black metal et ce que l'on appelle rock progressif. En ce qui me concerne, comparé à une sommité comme Magma, j'attendais de pouvoir y jeter une oreille pour me prononcer. Il est déplorable de constater que certains chroniqueurs ne font leur travail qu'en surface, induisant, de fait, les auditeurs potentiels en erreur. Comme ce fût le cas pour moi. Runaway Totem a en commun avec Magma une imagerie fantasque qui va, là aussi, jusqu'à s'inventer des pseudonymes grotesques sortis tout droit d'un roman de Lovecraft. Mais aussi un langage inventé, entre onomatopés et récitations latines, qui ne s'inscrit dans aucune perspective, contrairement à Magma, et qui donc ne revêt d'aucune fonctionnalité, si ce n'est esthétique. Pour le reste, l'album s'articule autour de deux longues suite de plus de vingt minutes qui souffrent, à mes oreilles, d'une production pitoyable, qui écrase la dynamique de la formation pourtant étendue, comme si le son avait été compressé et compacté dans une boîte à chaussure. Maintenant, en ce qui concerne les compositions, elles jouent évidemment sur les contrastes entre passages vaguement néoclassiques et ceux menés par de vrombissantes guitares. Elles ont beau être kilométriques, il n'y a pourtant pas ou peu de choses pour nous extasier. De plus, le jeu du batteur ne paraît pas très assuré, ce qui est particulièrement embêtant quand on doit se livrer à un marathon. Gothique sans vraiment l'être, progressif de la pointe des pieds, "Zed" me laisse au final l'impression que le groupe n'est jamais parvenu à se décider quant à la direction qu'il se devait de prendre et qui l'aurait aider à se définir. J'invite donc quiconque connaît ce disque, et qui l'apprécie, à en donner son avis ici. Un avis qui m'aidera peut-être à comprendre pourquoi ce déferlement de sons me laisse de marbre.