Parfois, un groupe de série B parvient à éveiller votre intérêt avec quelques grammes de cette potion magique qui ne s’achète chez aucune sorcière : le charme. C’est le cas des Passions, groupe de pop d’aspect tout à fait classique, avec une chanteuse typique de l’époque (et tantôt maladroite tantôt pleine de l’assurance des grandes stars, selon les vidéos disponibles sur la toile), et principalement axé autour de guitares carillonantes et sémillantes, annonçant presque les arabesques délicats de John Squire au sein des Stone Roses, quelques années plus tard. Des duels de guitare sans doute sous influence Television, couplés avec des mélodies hélas pas toujours aussi mémorables que les guitares. Il y a bien sur des exceptions : le refrain accrocheur, très FM mais excellent de Runaway, la mélodie caressante de Someone Special, et surtout I’m in love with a german film star, LE tube du groupe qui leur vaudra d’être quasi-unanimement considéré comme le groupe d’un seul hit, d’un "one hit wonder". A l’écoute de ce très bon album, il est clair que ce jugement est aussi hâtif qu’exagéré. Ok, I’m in love with a german film star est une incontestable perle nocturne à siroter les doigts de pied en éventail sur le cockpit de votre Delorean, en mode cabriolet de l’espace ; mais que dire cette rythmique très travaillée, sous influence dub, évoquant The Police, présente sur tout l’album, et particulièrement sur les les titres plus uptempo, toujours extrêmement catchy et frais comme The Swimmer et Small Stones ? En vérité, les Passions sont d’une constance irréprochable sur toute la durée du disque, s’offrant même une parenthèse Carollienne avec Alice’s Song. Le rapport de tout ça avec le titre et la pochette ? Mystère et boules de brume.