Ketama / Toumani Diabaté / Danny Thompson › Songhai

cd • 8 titres

  • 1Jarabi
  • 2Mani mani kuru
  • 3Caramelo
  • 4A Toumani
  • 5Vente pa Madrid
  • 6Africa
  • 7A mi tia Marina
  • 8Ne ne koitaa

informations

1988

line up

Toumani Diabaté (kora, voix), Danny Thompson (UK) (contrebasse), Juan Carmona (Ketama) (guitares, voix, claps, percussions), Jose Soto (Ketama) (guitares, voix, claps, percussions), Antonio Carmona (Ketama)(guitares, voix, claps, percussions), Jose Miguel Carmona (Ketama) (guitares, voix, claps, percussions)

chronique

  • nouveau flamenco / kora

Ce qui donne parfois à une musique son caractère expérimental, c'est la réunion inattendue de deux styles, deux traditions musicales en apparence fort éloignées ; c'est aussi l'alliage à première vue incongru de deux timbres. Et nous y voici donc... J'aime passionnément Toumani Diabaté, sans doute le plus grand joueur contemporain de kora, cet instrument ouest-africain à cordes pincées, au timbre évoquant vaguement celui du clavecin, qui s'apparente à une harpe, et dont il joue assis en le tenant entre ses jambes. Il faudra d'ailleurs un jour parler des formidables "Mandé Variations", où le griot malien est seul face à son instrument. Le groupe de musiciens africains qui l'a accompagné récemment en concert est également formidable. Mais ici, une rencontre de hasard le vit se frotter, en 1988, à un jeune collectif espagnol de flamenco "moderne", Ketama. Et l'alliage ainsi créé, renforcé par la contrebasse du Britannique Danny Thompson et occasionnellement par des choristes maliennes, s'avère purement magique. Au milieu des mélodies rythmées et explosives des guitaristes espagnols viennent se greffer les harmonies répétitives et les notes entrelacées du maître africain ; et cela prend à tous les coups, sans que l'on sache exactement comment. Quelques tentatives d'explication : huit compositions impériales (aucune faiblesse, absolument rien à jeter dans ce disque inépuisable qui ne suscite jamais une seconde l'ennui) ; une complémentarité idéale entre trois familles de cordes ; de l'énergie à revendre ; mais surtout, surtout, il me semble, une joie infinie d'être ensemble, de jouer ensemble, que l'on rencontre rarement. Ce disque exhale le bonheur, un bonheur radieux. Je ne souhaite pas rentrer dans les détails. La majorité des titres porte avant tout la griffe de Ketama, et Toumani vient se joindre pour des solos époustouflants. Quelques autres portent d'abord la marque africaine, que les guitares viennent ensuite transfigurer. Un bonheur radieux, disais-je, et pourtant, ultime paradoxe, le dernier titre de ce disque, au tempo lent, qui est le fait du seul Toumani accompagné par la contrebasse, dégage une infinie tristesse, une mélancolie belle à pleurer. Le succès rencontré à l'époque donnera naissance à un "Songhai 2" en 1994, un peu moins satisfaisant. Pour l'heure, vive recommandation vous est faite de vous laisser toucher par ce moment de grâce.

note       Publiée le samedi 14 août 2010

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    je savais pas qu'il était chroniqué ici celui là ! très bon disque où se mêle des cultures plus proches qu'il n'y paraît. un très beau disque où personne ne cannibalise l'autre, chose rare dans ce genre de rencontres.

    Note donnée au disque :