'Black'n'wild', 'Sinnermen'...Deux travaux d'une formation italienne originaire de Piacenza aujourd'hui disponibles sur cd grâce à (une fois encore) Spittle Records. Le premier, un EP, débute très fort avec l'excellent 'The crawling'...Feeling garage punk, orgue hanté, chant féminin un peu grave, harmonica spectral...Le non moins excellent 'Eternal door', lui, nous pousse dans les bras de Siouxsie and the Banshees et d'influences de la première vague goth britannique. Quel est donc ce jeu du chat et de la souris ? Il n'y en a pas réellement, Not Moving doit énormément aux Cramps, Gun Club ('Goin'down'), c'est certain, mais le groupe ne restreint pas pour autant son champ d'action. S'ils affectionnent les ambiances bien glauques, poisseuses et sales héritées d'un blues punk, il croise les rythmiques rock'n'roll avec des parties tribales proches du post punk goth...Il est intéressant de noter que le final n'est qu'une ébauche bancale de 'Sinnermen', laquelle chanson suit immédiatement dans sa version relookée pour l'album (et quelle amélioration !), parfaite transition pour la fluidité de l'écoute. 'Sinnermen' témoigne d'ailleurs du fait que le groupe maîtrise mieux ses ambiances déjà efficaces et se livre une fois encore à un chassé-croisé entre son goût du post punk goth et du garage horror (l'excellent 'Catman') avec guitares spectrales, orgues; avec 'Lost bay' on flirte carrément avec le gothabilly...Si, outre la musique, ces glissements se font dans le plus grand naturel, c'est aussi grâce au chant de Lilith qui sait aussi bien jouer les jeunes Siouxsie ('Sinnermen') qu'adopter un timbre plus grave. Pour le reste, tout est dans le talent des musiciens, les arrangements, les mélodies, tout est franchement excellent et surtout, varié. La qualité de ces enregistrements prouve bien que la musique, cela se ressent, peut importe le pays d'où l'on vient. Aurait-on imaginé qu'à une centaine de kilomètres de Milan, au milieu des 80's, une formation développait ainsi un style aujourd'hui très vogue aux USA ? Je ne cherche pas à en faire des précurseurs mais je reste néanmoins stupéfait de la maturité avec laquelle nos Italiens sont capables de digérer leurs influences et les assembler en quelque chose qui n'était pas si courant à l'époque. A noter que cette réédition propose encore quatre chutes des sessions d'enregistrement de 'Sinnermen' qu'il eût effectivement été dommage de laisser pourrir dans un tiroir...Pour conclure, j'ai encore une anecdote à vous conter, notamment pour les fans de vinyl...Cette version cd propose le mix original de l'album. En effet, en 1986, le producteur exécutif n'a rien trouvé de mieux que de descendre à Rome pour entièrement remixer les masters dont tout le monde était pourtant ravi. Si le groupe ne l'a pas tué, cet incident conduira à une rupture nette entre le producteur artistique et Not Moving avant que cette réédition n'apaise les tensions. Je vous laisse, la reprise du 'Cocksucker blues' version western requiem m'appelle...