Clôturant l'étonnante série dirigée par Raster-Noton des 20" pour l'an 2000 (douze artistes de la scène électronique minimale ont produit un mini-disque de vingt minutes toutes rondes pour chaque mois de 1999, le tout présenté dans un design transparent soigné), Elph et son 'Zwölf' ("elf" et "zwölf" signifiant respectivement "onze" et "douze" en allemand) livre par ailleurs sa seule véritable sortie, le reste n'étant que splits, recyclages et titres éparpillés sur quelques compilations. Raster-Noton oblige, on restera dans des sonorités familières : crépitements comme rythmique, drones et balbutiements comme textures mélodiques, décomposition de fréquences comme fond sonore. Pour autant, cela grouille de manière méticuleuse et étonamment construite pour un projet qui ne se disait que fantômatique. Arrive les très étranges "Eeeelph? Zwöööölf! Eeeeelph? Zwööööölf!" dicté par une voix électronique pétrifiante. Sur la seconde partie, la jungle crépitante et microscopique se verra adjoindre une rythmique. Le petit microcosme se met alors en branle, loin de toute considération stylistique – jusqu'au final des plus incongrus, sur un fond de musique de fanfare hachée dont la vitesse et la hauteur sont fort malmenées. Même si tout cela est bien joli pour les oreilles, j'avoue qu'une fois de plus je suis resté en dehors ; sans doute l'absence de fond y est pour beaucoup. Dans la même veine organique-abstraite, "The Restitution of Decayed Intelligence" sorti en 2003 sous le patronyme principal m'a paru nettement plus convaincant.