Wire › Outdoor miner

Malgré le soin extrême apporté à leurs albums, proche de la fétichisation de l'objet qui n'avait à l'époque pas du tout touché le courant punk, je ne peux m'empêcher de penser que la musique du quatuor anglais passe mieux sur single. Outdoor Miner est peut être leur chanson la plus accrocheuse, un véritable hit radio potentiel, dans le sens le plus noble du terme, avec une intro qui agrippe l'oreille comme il faut, une descente de basse, et une mélodie à la menthe glaciale qui débouche sur un refrain 100% pop. Le tout saupoudré de chœurs synthétiques magiques, de pont instrumental joué sur un piano aigrelet, et voilà, pas besoin de se compliquer la vie. Less is more qu'ils disaient. A tel point que cette version 45t est en réalité rallongée d'une bonne minute par rapport à celle du LP, à la demande d'EMI, qui avait flairé le tube juteux. A tort, finalement ! Car - est-ce la pochette étrange ? - Outdoor Minor n'a jamais percé, supplanté en cette année 78 par des titres généralement plus rythmiques, capables de concurrencer le disco. Pourtant, voilà bien une chanson en forme de plaisir simple de la vie, qui plaira à votre soeur, votre mère, votre grand-père, votre chien... Comme d'un fait exprès, c'est l'un des tout meilleurs titres de l'album Chairs Missing qu'on retrouve en face B (Outdoor Miner étant donc LE meilleur), Practise Makes Perfect, qui dégage une atmosphère délicieuse de maison de fous et de fantômes, et s'achève dans une longue nappe de synthé diaphane sous laquelle les guitares et la batterie se débattent encore comme des insectes... Deux des morceaux les plus aboutis de Wire, à la production vraiment en avance, cela vaut le coup de le répéter, tant ça a pu se vérifier les décennies suivantes, de manière probante...