Le Syndicat Electronique › Super Science

Le titre de cet album m'a toujours fait sourire, je lui trouve en effet une forme de naïveté qu'un geek du CNRS aurait pu s'approprier sans peine. C'est cette forme d'innocence, justement, qu'on retrouve distillée un peu partout dans le disque : dans la fantaisie robotique et métallique de «Mini Machine», sorte de Daft Punk avant l'heure, mais fort heureusement sans les fautes de goût ; dans le kitsch désuet de «Virgin Of Venus» (mon dieu, ce timbre affligeant, serait-ce un Bontempi ?) qui n'est pas sans rappeler les heures les plus tartes de la musique synthétique ; dans ces charmantes mélodies enfin, bien inoffensives et surtout bien éloignées du Syndicat Electronique radical que l'on connaitra par la suite. Outre cette naïveté, on y devine une certaine évolution, comme si le groupe avait progressé entre la face A et la face B. Car, si la première peut à juste titre être qualifiée de laborieuse (le groupe ayant beaucoup de mal à aller à l'essentiel, se perdant dans les pénibles déclinaisons des thèmes et de la boîte à rythme), la fin de la deuxième face fonctionne en revanche à la perfection : motifs entraînants, nappes enveloppantes de bon ton, gros pied qui claque sévère, ce n'est pas un hasard si «Telepod Successful» et «Death Programm» sont devenus des classiques du groupe. Ce gredin d'Alexandre, qui nous avait semble-t-il gardé le meilleur pour la fin, prend visiblement beaucoup de plaisir à ressusciter un Giorgio Moroder sous MDMA, avec une efficacité et une simplicité déconcertantes qui font forcément mouche. C'est donc avec une certaine résignation que je n'attribuerai qu'une note passable à cet album inégal, dont la moitié seulement des morceaux ont su trouver grâce à mes oreilles exigeantes.