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Kraftwerk › Kraftwerk

cd • 4 titres • 00:00 min

  • 1Ruckzuck
  • 2Stratovarius
  • 3Megaherz
  • 4Vom Himmel Hoch

informations

Enregistré et remixé de Juillet à Septembre 1970 - Produit par Kraftwerk et Conny Plank - Ingé-son : Conny Plank - Assistant Ingé-son : Klaus Löhmer

artwork par Ralf Hütter

line up

Florian Schneider-Esleben (flûte, violon, percussions électriques, composition), Ralf Hütter (orgue Tubon, composition), Klaud Dinger (batterie sur Vom Himmel Doch), Andreas Hohmann (batterie sur la face A)

chronique

  • experimental >

Cela fait un moment que je dois en parler et que je repousse l'échéance, comme maints autres disques, mais maintenant que la vague des rééditions Kraftwerk est passée, ignorant copieusement toute la période pré-Autobahn, je sais qu'il est vain d'attendre une réédition sérieuse de ces premiers albums, aujourd'hui aussi cultes que les premiers Can, Faust et Neu. Annonçons-le d'emblée : la première période de Kraftwerk est brute et expérimentale. Ne cherchez pas les prémisses de la techno ou de la new wave ici. Pour autant, ne vous attendez pas à de l'expérimental longuet et parfois barbant comme peuvent l'être les deux premiers Cluster ou les premiers Tangerine Dream pour peu qu'on ne soit pas d'humeur dronesque. Kraftwerk est né funky, et mourra funky, que ce soit clair pour tout le monde. Ruckzuck, avec sa flûte endiablée tournicotant comme un petit indien au milieu d'un champ de mines met assez bien les points sur les I. Ce sera le dernier instrument identifiable (le jeu de batterie étant propre à semer le doute) de la carrière de Kraftwerk, jonction avec le jazz d'Organisation, la précédente formation du groupe, avec lequel Kraftwerk se veut une rupture nette et choquante. La pochette et les titres, à contre courant total de la mode de l'époque, revendiquent le passage à une esthétique résolument teutonne, éléctronique, et en avance sur son temps. Et quand je dis en avance sur son temps, je peux vous assurer que je ne plaisante pas : on dirait du Black Dice par moment... (moi je dis qu'ils attendent au maximum pour le rééditer, que tout le monde se mette à ce style de plus en plus en vogue, jusqu'au moment où ça sera mûr pour ridiculiser les 3/4 de la planète). Kraftwerk 1 inaugure la période archéologique du groupe - terme trouvé par Florian himself. J'ajouterai même, personnellement, qu'il s'agit d'une période "en construction", comme l'atteste ce plot de chantier, détourné en readymade, allusion probable à la grande reconstruction du pays et de sa capitale déchue après le désastre de la guerre. Reconstruction culturelle et morale, également. Alors Ralf et Florian tâtonnent, explorent les possibilités inconnues de leur énormes machines, évoquent la dureté des immenses zones industrielles de la Ruhr par leur rythmiques syncopées mais raides comme du béton armé... Parfois, ça ne donne rien, ou seulement un paysage lunaire où des geysers de méthane s'échappent en sifflant de cratères rouillés (Megaherz). Rien à avoir avec tout ce que fera le groupe une fois stabilisé en quatuor (à partir d'Autobahn). Ici, la pop - invention de l'ouest - est bannie au profit d'une électronique encore rugueuse, sauvage et volontiers bruitiste, très proche du premier Tangerine Dream et de Neu, et pour cause : Neu n'est à la base qu'un projet dissident de ce Kraftwerk premiere mouture, et c'est sur ce disque que Klaus Dinger a fait ses débuts ! C'est ici, sur ce chantier désorganisé et d'un avant-gardisme total, que s'est forgé le motorik beat, dans les rares moments de stabilisation de cette mixture métallique et franchement futuriste pour son époque. Les curieux maladifs le savent forcément, il y a une traînée de poudre magique qui s'étend du haut du panier du psychédélisme à la musique free-rock/noise actuelle, et cette traînée passe incontestablement par l'early-indus et par le Krautrock des années 70 à 74. Stratovarius (jeu de mots pas vraiment représentatif du contenu, cherchez pas la stratocaster), semble même être un ancêtre de l'ère glaciaire du The Bends de Mr Bungle, sur Disco Volante, rien que ça ! Sauf qu'ici, pas de "plan" du morceau, les différentes parties sont à explorer à loisir, sans cartographie, et chacun d'y piocher de qui lui plaît. C'est l'une de ces pièces expérimentales à priori difficiles dans laquelle chacun trouvera son bonheur avec un minimum de persévérance... L'un appréciera l'intro planante à la Cluster, l'autre groovera comme un cyborg désarticulé sur le passage motorik débutant un peu avant le milieu, évoluant de manière passionnante jusqu'à culminer dans un fracas de tôle froissée qui n'a d'égal que celui de Vom Himmel Hoch ("depuis le haut ciel"), qui clôt, lui, la face B. Le genre de moment nutella qui fait sérieusement baliser quand on a mis le son à fond, trompé par le mastering douteux aux variations de volume hasardeuses, et leur réputation justifiée de vieux garçons propres sur eux (ce qui ne veut pas dire qu'ils ne sont pas géniaux, attention)... Klaus Dinger goes Amok, alias l'homme qui aspergeait de sang sa batterie bien avant Lightning Bolt, à une époque où ça n'était pas cool mais probablement vu comme hautement débile et inquiétant. Revenons un peu sur Vom Himmel Hoch, justement. Je crois qu'ici on peut parler de morceau-monstre, aberration mécanique qui met très longtemps à démarrer, envoie un peu de motorik de premier choix histoire de nous faire groover (j'exagère un peu, car on ne parlait même pas de motorik à l'époque, alors trouver ça dansant, vous pensez bien...), puis s'interrompt subitement pour mettre en scène un court dialogue entre deux ordinateurs primitifs, totalement surréaliste et fou encore aujourd'hui ("Brrggrouik" dit l'un dans l'enceinte droite, "drreiiinnhinnhh" répond l'autre, pas décontenancé pour un sou). Puis, ça reprend, jusqu'à la crise de manie, inaugurant un plan funky à 7m55 qui justifie l'album à lui tout seul, et ça finit dans un bruit d'explosion, réminiscence angoissée de cette guerre que les allemands tentaient ici d'exorciser avec ces percées dans l'expérimental le plus féroce, pendant que toutes les gonzesses n'avaient d'yeux que pour Marc Bolan ou Jimi Hendrix. à noter que c'est un batteur studio, Andreas Hohmann, qui joue sur la face A, et son jeu est presque aussi excellent que celui de Dinger ! Qu'est qu'ils prenaient, mais enfin, qu'est ce qu'ils prenaient ?

note       Publiée le vendredi 30 avril 2010

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Document exceptionnel : https://www.youtube.com/watch?v=A9R6bqcBPfc

    taliesin Envoyez un message privé àtaliesin

    Perso je trouve ces débuts assez moyens... L'album suivant sera beaucoup plus intéressant !

    Note donnée au disque :       
    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    La rigueur du look (gomina & costume du bureaucrate de base), la rigidité des machines, l'identité de la Mitteleuropa comme substrat, la technique comme symptôme de notre époque, le minimalisme extrême des concerts et les pochettes de disques à la froideur étudiée et vous avez là tous les postulats de la new-wave.

    E. Jumbo Envoyez un message privé àE. Jumbo

    Enfin oui, y a pas vraiment plus new wave que le look de nos Teutons sur la pochette de L'Homme-Machine. My bad.

    Note donnée au disque :       
    stankey Envoyez un message privé àstankey

    "KLING KLANG, this is the New Wave !"- (Jean-François Bizot)