The Horatii › Riposte

Il faut dire qu'ils détonnaient un peu au milieu de leurs collègues à cheveux longs et pantalons de cuir chantant les tourments de l'âme, eux qui se sont pointés en résilles cheveux crêpés, maquillages...C'est au festival Sacrosanct de 1996 à Londres que j'ai découvert The Horatii et le coup de foudre a été immédiat. Franchement, un groupe à l'humour assez marqué pour baptiser son label du nom d'une série de Enid Blyton (oui, oui, la créatrice de Oui-Oui, Le Club des Cinq, le Clan des Sept, Mallory School et autres séries ayant fait le bonheur des jeunes têtes blondes), comment résister ? Les musiciens adorent la new wave pop à la Duran Duran, ils n'en ont jamais fait secret, ce qui débouche sur un travail mélodique soigné mais ne les empêche nullement de se profiler dans un créneau post punk goth pour autant; fans de l'humour grinçant du batcave mais évitant le trop plein de nostalgie, ils ont fait partie des rares formations britanniques des 90's (aux côtés de Nekromantik) à avoir tenté d'en présenter une version contemporaine. Mêlant guitares deathrock soft, basse groovy, boîte sèche, 'Darell & Alicia' séduit d'emblée non seulement de par sa mélodie mais également au travers du superbe chant de Roo, profond, assez éloigné de la folie batcave traditionnelle, mais non dénué d'une bonne touche de souffre ('I have desires for Darell but I'd settle for Alicia'). 'Eyes for infamy' confirme le tir avec un feeling presque glam et ça ne s'arrête plus, chaque chanson se révélant aussi bonne que la précédente, ainsi l'excellente 'Riposte' avec son côté Play Dead débarrassé de sa flamboyance, 'A rose in my flies' où le goût de Roo pour les textes alambiqués explose ('There's a rose in my flies, a new surprise'), 'Body of the fish' marqué de discrètes stigmates garage dans la rythmique, 'That's my girl' et son magnifique riff mélancolique, 'Eddie's leg' plus orienté deathrock, l'ironique 'Insects' parfaitement révélateur de l'humour des Horatii et surtout la pièce finale, 'Annaline', grand moment de gothic rock épique. Nul n'est hélas prophète en son pays et au cours de ce festival, comme en cette dernière moitié des 90's, ce seront Garden of Delight, Vendemmian et Rosetta Stone, soit les formations gothiques plus classiques, qui emporteront les suffrages ne laissant aux Horatii qu'une réputation de groupe culte...mais quel groupe, nom de sort !