Kleistwahr › Myth

Gary Mundy est, avec William Bennett, Philip Best, Kevin Tomkins et quelques autres, le digne représentant de ce qui s'est fait de plus extrême (et donc de mieux) en matière de power electronics. Non content d'avoir fondé l'infâme label Broken Flag et Ramleh, Gary investit avec son projet solo Kleistwahr son imaginaire phantasmagorique, autistique, où tout n'est que douleur, déchirure, attraction et répulsion. Mais attention : Gary n'exorcise pas, il n'exprime pas, il ne revendique pas, bref il ne communique pas. Son noise électronique ne s'appréhende que comme une manifestation non destinée, et rien d'autre. Soit dit en passant, c'est un trait qu'on retrouve aussi fortement marqué chez le Sutcliffe Jugend des débuts, et encore plus chez Mauthausen Orchestra. On comprend vite qu'on ne pourra jamais rentrer complètement dans cette musique, et surtout qu'on ne pourra pas l'aimer... honnêtement, comment pourrait-on «aimer» ces modulations frénétiques, ces fréquences extrêmes, ces tape voices déchirés par la saturation, le tout sans qu'aucune baisse d'intensité ne soit accordée ? Non, on n'aime pas ces trente minutes de barbarie sonore qu'on s'enfile pourtant sans ciller, et qu'on finit par trouver trop courtes. On se surprend même à remettre la cassette au début, le sourire aux lèvres, parce que le pire, c'est qu'on en devient vite accro... hé ouais... une vraie petite lopette de junkie... avec tout l'attirail des veines en manque... le rictus convulsif, les mains tremblantes, le cartilage en palpitation... la totale. J'en appelle donc à vos vils instincts : si un jour vous croisez Gary, de grâce brisez cette immonde crevure pour moi... car il a fait de moi ce que je suis...