Doubt › Never Pet a Burning Dog

Depuis ses tous débuts, le label Moonjune Records n'a jamais caché sa passion pour la musique britannique teintée de jazz. Quelqu'un, quelque part, a un jour décrété qu'on appellerait ce style "Canterbury", du nom de la ville d'où provenait la grosse majorité de ses artistes. C'est un choix arbitraire qui a pour seul mérite de bien cerner les choses. La nouvelle production du label de Leonardo Pavkovic entend s'inscrire dans ce courant. Et fait même mieux que cela. Rencontre ponctuelle autour du claviériste Alex Maguire, avec pour acolytes le guitariste Michel Delville, le batteur Tony Blanco et, en invité extraordinaire, le bassiste Richard Sinclair, douBt laisse éclater au grand jour ses sérieuses accointances avec cette fameuse scène dont je vous parlais plus haut, et en particulier avec le regretté Elton Dean. "Never Pet a Burning Dog" est, de loin, la meilleure production du genre qu’il m’ait été donné d’écouter depuis très longtemps. L’esthétique a beau être galvaudée, toujours marquée de son empreinte par le clavier électrique et son swing identifiable entre mille, notre trio a l'intelligence de ne pas vouloir se satisfaire d'une formulation déjà rabâchée à l'envi et préfère lui ouvrir de nouvelles perspectives en enfonçant les portes déjà ouvertes d’une forme de jazz improvisé ("Laughter"), voire d’une fusion aux inflexions plus rock ("Beppe’s Shelter"). Si le disque se montre souvent plus audacieux et aventureux que les habituelles productions de ce genre, douBt ne fuit pas pour autant toute forme d'académisme, se raccorchant pour ainsi dire aux valeurs sûres ... Ainsi, pour faire voler en éclat les dernières poches de résistance, notre trio possède une botte secrète : plus d’un en effet seront bluffés, puis vite conquis, par "Corale di San Luca" et "Passing Cloud" où Richard Sinclair, de son timbre haut perché, toujours sur la brèche, accomplit sa plus belle personnification de Robert Wyatt. Alors ? Tentés ?