Ham › Lengi lifi

Aaah comparer, comparer...C'est le live de 2001 qui en sortira perdant parce que, tonnerre de Brest, quand on écoute celui de 1994, avant que Ham ne splitte, il n'y a pas photo, ce n'est pas la même chose. Pour être précis et concis, 'Lengi lifi', c'est toute la puissance, la subtilité et l'efficacité de nos Islandais résumés en dix-huit morceaux servis par un son vraiment excellent, à croire que les musiciens ont cherché à donner le meilleur d'eux-mêmes pour l'éternité. Commençons par le duo Óttar Proppé/Sigurjón Kjartansson; jamais la voix de baryton du second, avec sa touche grandiloquente, n'aura été aussi présente, et cette dualité des timbres confère aux chansons une ambiance incroyable à la fois spectrale et colérique. La touche fantomatique est renforcée par l'orgue qui ne chôme pas lui non plus. Oui, c'est pompier, presque kitsch, mais comme pouvaient l'être Laibach à l'époque de 'Jesus Christ superstar', soit totalement jouissif; le public devait réellement être en transe ce soir-là. Les guitares assurent tant dans leurs lignes gothiques que dans les riffs orientés metal, brouillant les pistes de ceux qui songent que, décidément, Ham n'a rien d'une formation metal traditionnelle...Ni doom, ni symphoniques, ni gothic rock mais un peu de tout à la fois...La reprise du 'Voulez-vous' de Abba est démentielle, encore meilleure que sur 'Buffalo Virgin' et bien d'autres pièces s'alignent sur cet étalon de qualité...'Demetra', simplement incroyable dans sa puissance hantée, 'Musculus' avec sa touche religieuse ironique, 'Airport' magnifique dans sa mélodie...Incroyable comme un enregistrement live a pu sublimer l'aspect mélodique des compositions de nos Islandais ...Quand je pense au succès remporté par ces lourds de Rammstein alors que si peu de gens hors Islande ne connaissent Ham...C'est à se marteler la tête contre les murs; si les Allemands avaient eu du talent, ils se seraient appelés Ham et si ce disque est classé parmi les cent meilleurs albums de musique islandaise de tous les temps, ce n'est pas pour rien, croyez-moi.