Nichts › Made in Eile

Ouaah, Shell', la teuhon...Tu sais pas qui est Nichts ? C'est un peu ce qui m'est arrivé au dernier festival autrichien Judgment Day où le groupe était annoncé comme LE truc que tous attendaient (moi qui était venu, avec raison, pour les excellents Twisted Nerves). Après recherche, j'ai découvert qu'effectivement nos Allemands, malgré une existence éphémère comptaient parmi les grands noms de la Neue Deutsche Welle. L'histoire est même un brin plus marrante puisque Nichts fut crée sur les cendres d'un autre projet, KFC. La raison ? Le guitariste et le batteur venaient de se faire virer par le boss, un certain... Tommi Stumpf. Qui a dit que la musique était comme une famille ? Toujours est-il que nos deux compères, désireux de devenir professionnels, songent à créer un groupe commercial leur permettant d'avoir du succès et de vivre de leur art. Après avoir recruté un pote d'école alors très en vogue comme danseur disco (!) à la basse et finalement sélectionné une chanteuse (après que Michael Clauss le guitariste ait refusé Krishna Goineau que l'on retrouvera dans... Liaisons Dangereuses), Nichts enregistre une première démo, laquelle est si professionnelle que le label indépendant, Schallmauer Records, la sort aussitôt comme album sous le titre de 'Made in Eile'. Le succès sera au rendez-vous et ouvrira au groupe les portes d'un second album ('Tango 2000') sur une plus grosse compagnie ainsi que d'une tournée allemande, avant le départ du pourtant leader Michael Clauss qui créera...Belfegore (un arbre généalogique, je vous dis). Les membres restants sortiront encore un troisième disque, peu reconnu, avant le split. Qu'en est-il de ce 'Made in Eile' ? Résolument allemand dans ses sons. J'entends par là qu'il parvient à ce mélange (que seuls les Teutons semblent pouvoir réussir) de punk, de pop et d'une dose de kitsch. Imaginez ce que pourrait donner Lio si elle était la soeur de Debbie Harry et qu'elle chantait en allemand. Musicalement, l'accroche est pop mais on sent des restes punky dans l'écriture, notamment dans la folie et l'énergie un peu débridée de chansons comme '10 Bier zuviel' ou 'Scheisse'. Des morceaux comme 'Hallo Kartoffelsalat', malgré son titre débile ('Salut, salade de pommes de terre') ou 'Wer du bist' dégagent même un sentiment vaguement mélancolique se rapprochant clairement de la cold wave, de par la basse marquée mais sans excès et le cristal de la guitare. On sent clairement la fluiditié de jeu de bons musiciens mais elle est au service d'une musique conservant une touche spontanée, sans prétention déplacée (malgré les influences Doors du court instrumental 'Made in Eile'). Rien d'étonnant à ce que ce disque ait cartonné et qu'il trouve aujourd'hui sa place dans les platines des DJs goths. Voilà, grâce au Judgment Day et le concert du groupe, je suis aujourd'hui un peu moins con. 4,5/6