Les beaux jours reviennent, c'est incontestable. Je vous présente donc K Records, encore un label culte - à raison - qui aura livré pas mal de pépites rugueuses à la musique américaine de ces 30 dernières années. Ils hébergent en 2008 l'étrange groupe Mahjongg, déjà responsable d'un Raydoncong confidentiel en 2005, qui s'adjoint ici deux nouveaux membres pour balancer une musique d'une fraîcheur totale sous le soleil analogique. Pas mal d'électronique, mais les percussions dominent allègrement, servies par une production crue et directe, au poil. Après une intro un peu paresseuse, Problems, rubix cube en emmental fondant au soleil des Baléares, estival et nauséaux comme une chaise longue. Un autre glaçon dans votre gin fizz à la papaye ? Allez, Kottbusser Torr (rien à voir avec Michèle), encore un tube ludique et génial, qui donne sérieusement envie de jouer à Tetris Attack en suçant des Chupa Chups au LSD (attention à l'addiction tout de même. Pour tetris attack). Addiction, Rubix cube, délires cubistes ? Voilà donc pourquoi ils s'appellent Mahjongg. Rien à voir avec une quelconque éventuelle filiation japonaise, ici on tape dans une glorieuse tradition américaine de funk blanc servi frappé avec de grosses lampées d'Afro Beat, initiée par les non moins glorieux Talking Heads, et qui n'était encore revenue à la mode en cette année 2008. Deux ans après, le pseudo courant "afro-pop" actuel sévit dans la hype indie, menés par des plutôt gros vendeurs de disques comme Fools Gold et surtout Vampire weekend. Un courant éminemment sympathique et frais (le nier serait faire preuve d'aigreur), mais qui prend comme par hasard l'aspiration derrière ce Kontpab. Ils ne risquent pas de balancer un truc aussi entêtant et irrévérencieux que ce Tell The Police The Trush aux paroles équivoques... Et une louche de punch de plus dans votre verre, avec Wipe Out, presque Reggaeton dans son minimalisme titubant... Ouh, ça commence à être punchy, décidément, cet album. Teardrops ? Plutôt de quoi rire aux éclats, avec ces sons qui rappellent une version amazonienne de la BO de Super Metroïd, et Mercury, c'est sur le fil entre disco torride et pop expérimentale et plus que tout, percussive. La voix désinvolte et en retrait couplée aux rythmiques articulées comme des serpentins cubistes n'évoque au final pas grand chose de connu, si ce n'est Lansing Dreiden, obscur collectif art-rock (au vrai sens du terme) New-Yorkais. Rise Rice, qui conclut l'album, ouvre une nouvelle direction, limite housy, toute en montée euphorisante vers une liesse inconnue, à poil dans la savane et tous ensemble contre la mondialisation. Que cette dernière extrapolation un tantinet caustique ne vous rebute pas : Mahjongg n'est que musique, tam-tams physiques, bain de mousse bordélique, et rythmes endiablés. Dire que j'avais de sérieuses réticences...