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Magma › Ëmehntëhtt-Ré

cd • 6 titres • 53:14 min

  • 1Ementhêt Ré I6.53
  • 2Ementhêt Ré II22.35
  • 3Ementhêt Ré III15.06
  • 4Ementhêt Ré IV3.54
  • 5Funëhrarïum Kanht4.19
  • 6Sëhë 0.27

dvd • 1 titre • 56:17 min

  • 1Phases56.17

informations

Enregistrement, mixage et masterisation : Janvier 2007 - Septembre 2009

line up

Philippe Bussonnet (basse, piccolo basse), Isabelle Feuillebois (voix), James Mac Gaw (guitares), Christian Vander (batterie de combat, voix, piano, Fender Rhodes, claviers, percussions), Stella Vander (voix, percussions), Hervé Aknin (voix), Benoît Alziary (vibraphone), Bruno Ruder (Fender Rhodes)

Musiciens additionnels : Emmanuel Borghi (piano), Claude Lamamy (chœurs), Antoine Paganotti (chœurs), Himiko Paganotti (chœurs), Marcus Linon (chœurs), Pierre-Michel Sivadier (chœurs)

chronique

Il y a tant à dire sur Magma, et paradoxalement si peu de déjà dit, notamment sur ce dernier album, sorti dans une semi-indifférence assez agaçante. Il s’agirait de ne pas attendre que le père Vander soit ad patres (on a quand même de la marge, et beaucoup) pour célébrer cette musique, pour essayer de comprendre ce qu’elle nous dit, même si la tâche n’est pas aisée. Mettons d’abord les choses à plat : Ëmehntëhtt-Ré, incroyable arlésienne distillée au compte-gouttes sur les albums du groupe depuis les années 70, est bien la troisième et dernière partie de la trilogie Köhntarkösz, qui se referme ici, prenant place aux côtés de la non moins impressionnante trilogie Theus Hamtaak dans le corpus Magmaïen. On retrouve donc, dans l’ordre, les morceaux jusqu’ici connus sous les noms de Rindë, Hhaï, Zombies, figurant sur les albums 70’s du groupe comme Live Hhaï ou Üdü Wüdü, et que l’on savait faire partie d’un tout indivisible, mais que Vander semblait avoir sortis faute de pouvoir se résigner à compléter l’œuvre. Du coup, depuis 30 ans, beaucoup sont devenus fans de ces versions, et ça se comprend, et leur déception semble avoir souvent été au rendez-vous au vu des impressions parfois recueillies par cet Ëmehntëhtt-Ré. Je ne suis pas de ceux-là. J’ai toujours préféré les pièces longues du groupe, et j’attendais à vrai dire que sorte Ëmehntëhtt-Ré, longue suite de plus de 40 minutes, pour m’y plonger. Cette chronique est vouée à être incomplète, tant cette musique, ayant mûri pendant 30 ans (!) dans le cerveau de son créateur, peut évoquer des émotions contradictoires, provoquer allégresse puis nous assourdir sous sa violence l’instant d’après, ou surtout nous asséner des turbulences d’une noirceur profonde comme l’ébène. A priori, Ëmehntëhtt-Ré évoque ce que Köhntarkösz, le protagoniste principal, a découvert lorsqu’il a ouvert le tombeau d’un dieu antique… La pochette évoque clairement une sépulture égyptienne ou perse, mais ce qui frappe surtout, c’est l’absence du fameux logo du groupe ! Dès les premières écoutes, on comprend la démesure de ce qui nous est conté… Il va falloir réécouter, encore et encore, à haut volume et sans distraction. Le son est ample, la production plus claire qu’auparavant, tout à fait adaptée à ce qui semble le morceau le plus lyrique de l’histoire du groupe, recelant d’infinies strates de chœurs et de chants mystiques, mais sans jamais se départir de cette basse unique au monde, typique du Zeuhl, ici noueuse et noire comme jamais. Et bien sûr, la batterie de Vander, très souvent légère, véloce, entre ruades d’impatience et légers coups de pinceau à la cymbale venant appuyer le côté presque féerique de certains passages. Après une longue intro menée par la voix du batteur lui-même, c’est le deuxième mouvement qui apporte le plus de ces moments mélodieux et kaléidoscopiques, 22 minutes qui donnent l’impression d’entrer au paradis, ni plus ni moins… Jusqu’à ce que tout semble se précipiter dans un goulot étroit : c’est le fameux Zombies et sa course effrénée, ici dans une version tout en retenue malsaine, refusant d’imploser, même lors du break herculéen qui ravageait tout sur scène, ici étrangement contrit… C’est que Magma a sacrifié la force brute sur l’autel de la composition parfaite, et ça marche. Il suffit de se prendre en pleine face le début du troisième mouvement pour le comprendre, comme si nous venions de passer à un étage supérieur, nos mouvements paralysés, à la merci de quelque chose d’indéfinissable. Le souci du détail et de la structure est ici porté à un niveau qu’on ne retrouve que dans une symphonie, à des lieues d’un quelconque rock progressif dont Magma n’a jamais fait partie. Le troisième mouvement donne donc l’impression de traverser un long calvaire, au bout duquel l’illumination attend, mais à quel prix ? Contrastant impitoyablement avec les tsunamis de plaisir provoqués par le deuxième mouvement, le troisième se révèle, après écoutes minutieuses, être un tourbillon étouffant et irréel, évoquant la perte comme un processus irrémédiable. Difficile de ne pas ressentir des émotions ambiguës quand débarque la quatrième partie, qui semble confirmer l’accession à la plénitude dans une ambiance d’opéra et de grandeur accomplie… Jusqu’aux dernières secondes, où quelque chose semble se briser, comme si un salaud avait volé une pièce indispensable du puzzle. La fin du disque glace les sangs, semble sceller quelque chose pour l’éternité, comme si le groupe retirait tout espoir et nous rendait indigne des splendeurs déployées devant nos oreilles tout au long du disque qui vient s’écouler. Qu’en penser ? Il semble que quelqu’un vienne de mourir. L’auditeur attend comme une conclusion, optimiste ou non, et se retrouve avec une courte pièce de 25 secondes où Vander répète à peu près la même phrase en Kobaïen qui ouvrait l’album, sur fond de remugle d’outre-tombe. Fin en queue de poisson. Le vide laissé est immense. Reste un opus rude aux entournures, obsédant, plus aérien que jamais, peut-être le plus cohérent de toute la discographie de Magma, tirant partie du support CD pour fournir une suite de 40 minutes qu’il est quasiment impossible de couper avant la fin à moins d’être sérieusement hermétique au groupe. Inexplicablement, je ne peux me résoudre à lui donner la note qui semble lui revenir de droit… Étrange voyage.

note       Publiée le mercredi 24 mars 2010

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zugal21 Envoyez un message privé àzugal21

Chacun voit midi à sa porte. De la mienne, je constate par moments une humeur précise qui sollicite du MAGMA. Et, dans cette humeur, MAGMA enfonce tout. ça tombe bien, j'en ai un bon paquet.

Note donnée au disque :       
stickgrozeil Envoyez un message privé àstickgrozeil

Carrément! Pour moi c'est leur meilleur disque, loin devant MDK.

Note donnée au disque :       
kranakov Envoyez un message privé àkranakov

Inusable.

nicola Envoyez un message privé ànicola

Le bassiste de Kãrtëhl est un certain Jimmy Top. Tiens tiens.

nicola Envoyez un message privé ànicola

Tu veux parler de Kãrtëhl ? Je viens de voir ça.

Message édité le 02-10-2022 à 17:31 par nicola